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Vendredi Saint 2016

Fr Antoine Lévy op

25 mars 2016

Il est écrit que Dieu garde l´homme comme la prunelle de son oeil. On a touché à la prunelle de Dieu sur terre. Cela ne date pas d´hier – depuis le temps que l´homme est mis en croix. Mais cela date aussi et encore d´hier : la fumée et les cris : nuit et brouillard, ces blessures d´un moment et ces blessures qui ne guériront jamais. Nous voyons tout cela sur notre sol à nouveau, nous qui avons vécu tant d´années dans l´illusion que tout cela ne toucherait plus désormais que les autres, au loin. On a touché à la prunelle de Dieu.
C´est pourquoi Dieu, un jour, il y a maintenant longtemps, a sacrifié la prunelle de son oeil éternel : son Fils, son propre Verbe, livré à la nuit et au brouillard. Non pas seulement pour nous dire qu´Il avait compris, que Lui aussi, Il pouvait vivre ce que nous vivons jusqu´à la mort. Non, c’était sa manière de nous dire, une fois pour toutes, que cela ne se passerait pas comme cela. Que les souffrances indéfiniment variées de nos vies et de nos morts lui étaient aussi chères que celles de son propre Fils. Qu´en liant celles-ci à celles-la, selon les manières indéfiniment varies de notre foi, sa toute-Puissance finirait par triompher.
Vénérer la Croix du Christ, ce n´est pas notre façon de dire Amen aux cris et à la fumée ; baiser la Croix, ce n´est pas embrasser ces blessures qui nous tuent. C´est dire à Dieu que nous avons compris ce qu´Il a voulu nous dire, un jour pour tous les jours du monde, il y a déjà longtemps de cela. Les disciples mettent leurs souffrances dans les souffrances du Maitre, en sorte qu´elles rejaillissent en vie éternelle, non pas seulement pour le monde a venir, mais déjà pour le monde présent.
La Croix du Christ est notre ultime dignité et notre vraie force. Maintenant, toujours et demain aussi. Dieu se lève et ses ennemis seront dispersés.