Avec qui sommes-nous ?
Fr Philippe Dockwiller op
29 octobre 2009
Après la deuxième guerre mondiale, un journaliste posait cette question à un théologien allemand réformé qui dès sa jeunesse avait combattu le nazisme : “que pensez-vous d’Adolphe Hitler ?” La réponse de Karl Barth fut précise : “la seule chose que je sache avec certitude d’Adolphe Hitler, c’est que Jésus, le Christ, notre Seigneur, est mort pour lui.”
L’épître aux Romains vient de nous faire entendre le souffle de cette autre question : “Qui nous séparera de l’amour du Christ ?” La réponse rien, ni personne. Comme en contradiction, l’évangile de Luc nous rappelle ce moment où Jésus annonce à Jérusalem et au Temple leur folie : tant de fois j’ai voulu vous rassembler, “et vous n’avez pas voulu”. Ainsi la dernière réalité qui pourrait nous séparer de Dieu est bien notre liberté et ses conséquences. Dans l’épître aux Romains, au coeur même de la louange à Dieu pour sa fidélité et son amour, Paul cite l’Écriture : “C’est pour toi qu’on nous massacre sans arrêt, on nous prend pour des moutons d’abattoir.” Cette citation, qui a l’air de ne pas être à sa place, éclaire le lien indéfectible dont Paul parle aux chrétiens de Rome. C’est dans la mesure où nous sommes avec le Christ, du côté de l’Agneau immolé, que “la détresse, l’angoisse, la persécution, la faim, le dénuement, le danger, le supplice” ne peuvent effectivement nous séparer de celui qui est venu habiter ces épreuves.
Dès lors, il nous faut choisir d’être plutôt du côté de ceux que l’on tue, et pas de ceux qui donnent la mort. Il n’y a pas de contradiction entre le constat de Jésus sur Jérusalem qui tue les prophètes, et la célébration de la fidélité de Dieu chez Paul. Sommes-nous avec le Crucifié ? Luc lui-même nous raconte qu’un bandit, co-crucifié avec Jésus entre avec lui en premier dans la Vie, pour l’avoir reconnu comme son Seigneur : “c’est Dieu qui justifie, qui pourra condamner ?” Être avec Jésus, parmi les victimes, est ce qui peut sauver les bourreaux. Le choix reste d’actualité. Puissions-nous choisir la croix du Seigneur, nous réfugier à son ombre, l’embrasser et à notre tour la porter.