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Le poids de la Gloire

Fr Philippe Dockwiller op

30 Octobre 2009

Paul qui nous disait hier combien nous ne pouvons être séparés de Dieu dans le Christ souhaite aujourd’hui être séparé du Christ, si cela peut donner accès au Christ à ses frères, les enfants d’Israël selon la chair.
Et Jésus dans l’évangile de Luc est de nouveau confronté à une façon limitative d’interpréter la loi. Avec Jésus, le monde de la loi n’est pas aboli mais accompli. Là où l’application du commandement abouti à une limitation de la vie, Jésus exerce son ministère de guérison.
Une fois encore, les corps sont montrés pour donner le poids au geste transgresseur. Un fils ou un boeuf tombé dans un puits. Lequel s’abstiendrait d’aller rechercher son fils ou son boeuf, même le jour du sabbat ? La foi de l’Église nous place au-delà de la loi parce qu’elle obéit à ce qui est inconcevable : la Parole éternelle créatrice, qui est aussi source de toute loi, a pris le poids de l’inattendu : le Verbe est devenu chair. Ce poids tombé dans un puits, il n’est pas question d’en retarder la libération. L’homme atteint d’hydropisie est guéri sur le champ. Mais dans le mystère de la prise en chair du Verbe une autre qualité est apparue : au poids de la chair, le Verbe ajoute la dignité de sa Personne. Et dès lors, le but pour lequel la loi avait été donnée apparaît : l’avènement d’une personne.
La Personne du Verbe manifestée dans la chair nous convie à poursuivre l’oeuvre inaugurée : faire émerger la personne, y compris, et peut-être d’abord parmi les rejetés de la loi, qui plus que les autres attendent la vie. Un jour on amènera une femme adultère à Jésus, et il situera la loi où elle se trouve en regard des personnes : au sol dans le sable. Lui le Maître de la loi, lui bientôt élevé sur le bois du supplice, condamné au nom de la loi dont il est l’auteur, lui le législateur et le juge, limité par l’interprétation mortelle de la loi. Ironie criante où Dieu s’exprime ultimement dans le cri si proche de l’animal, mais qui est bien le cri de la chair assumée par la Parole éternelle et créatrice. Une seule question à la fin : servons-nous l’avènement des personnes en ce monde ? Au terme de toutes choses subsisteront les réalités assumées dans la vie personnelle, dans le lien de la communion du Père, du Fils et et de l’Esprit, ce Dieu qui nous a faits pour lui et pour sa gloire.