3ème Dimanche de l’Avent - A
Frère Bernard-Dominique Marliangeas op
15 décembre 2013
Matthieu 11, 2-11
Toute la vie et la prédication de Jean-Baptiste étaient tendues vers la venue décisive du « Jour de Dieu » ; mais, à celui qu’il avait reconnu comme le Messie promis, voici qu’il pose la question radicale : « Es-tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre ? »
Que s’est-il passé pour qu’il pose une telle question ?
Comme tous les croyants en Israël, il attendait un messie libérateur de l‘occupant romain et Jésus refuse ce rôle… Il attendait la venue du « jour de Dieu » comme un jour de justice et de règlement de comptes, or rien de cela ne se produit : Jésus accueille les pécheurs et mange avec eux.
JB ne comprend plus ! Alors, avec franchise, il pose la question qui nous habite nous aussi, parfois, devant le silence de Dieu par rapport à nos attentes et devant son apparente absence…
La réponse de Jésus est-elle satisfaisante ? En fait, il renvoie à des prophéties d’Isaïe. Jean-Baptiste Les ignorait il ? Sans doute pas ; mais, comme pour beaucoup d’autres, son impatience lui avait fait oublier tout ce que le prophète annonçait au sujet d’un mystérieux serviteur qui sauverait les hommes en venant partager leurs souffrances… Le contraire d’un messie triomphant !
Il annonçait un messie moissonneur. Jésus est un messie semeur !
Avez-vous remarqué que dans les trois évangiles de Mt, Mc et Lc, la 1ère des paraboles commence ainsi : « Le semeur est sorti pour semer… » Et c’est de lui-même que parle Jésus. Dans l’évangile de Jn – qui n’a pas de paraboles – Jésus pousse encore plus loin l’image en se comparant à un grain jeté en terre (Jn 12,24)
La situation du semeur est très caractéristique : Elle implique perte et absence de maîtrise. Il accepte de perdre une partie de la récolte précédente pour la confier à la terre et il n’est jamais sûr du résultat. Mais ce qui est sûr c’est que, sans semailles, il n’y aura pas de moisson !
Pour Jésus lui-même, les paroles d’Isaïe ne sont pas à entendre comme l’annonce d’un fait accompli ; elles sont à entendre comme décrivant ce qui se dessine à l’horizon, mais n’est pas encore pleinement réalisé. Et Jésus ajoute : « Heureux celui qui ne tombera pas à cause de moi. »
Cette parole, adressée à Jean-Baptiste, s’adresse aussi à chacun de nous, dans les temps d’épreuve et de nuit.
Comme pour le baptiste et tous les disciples, la tentation qui nous guète, c’est celle de l’impatience.
Nous ne sommes pas encore au temps de la moisson. Nous sommes dans le temps de semailles. Et l’apôtre St Jacques nous invite à une patience qui s’enracine dans l’espérance de la moisson. L’hiver, tout semble mort ; mais au printemps, tout reverdit. St Augustin, qui emploie cette comparaison, ajoute : « Notre printemps à nous, c’est le Christ. »
Avec Jésus, le monde nouveau est déjà là ; mais l’ancien monde n’a pas disparu, avec son cortège de misères. La fête de Noël qui approche ne devrait pas être, pour nous, une façon de nous en évader – ce serait trahir ce que Jésus lui-même a vécu ! – Mais la naissance de l’enfant de Bethléem, comme celle de tout enfant dans une famille, est ouverture à l’avenir. Une nouvelle histoire commence, reste à voir ce que nous en ferons !
Certes, nous sommes encore dans le temps des contradictions ; mais c’est aussi le temps de l’amour actif ; c’est le temps de l’Église qui, aux quatre coins du monde, rassemble ceux qui accueillent la Bonne Nouvelle et s’efforcent d’en être les témoins auprès de tous.
Jean-Baptiste s’efface pour laisser la place aux « plus petits dans le Royaume ». Au plus intime de chacun de nous, le Seigneur est présent. Nous sommes nés à la vie divine à notre baptême et nous recevons cette vie à chaque eucharistie. Le Seigneur qui vient à nous nous appelle à partager sa joie : saurons nous lui répondre ?