Solennité de Marie, Mère de Dieu 2014 A
Fr. Saulius Rumšas op (Vilnius – Lituanie)
1er janvier 2014
Luc 2 2,16-21
Marie, Mère de Dieu. C’est probablement le plus beau et le plus juste titre qui est donné à Marie, connu en théologie depuis l’Antiquité chrétienne et célébré dans la liturgie latine seulement depuis le pape Paul VI.
Au risque de vous surprendre, la solennité d’aujourd’hui n’est pas d’abord une solennité mariale, mais une solennité bien christologique. Oui, nous célébrons Jésus Christ. Nous sommes dans le huitième jour de Noël. La nuit de Noël et aussi l’octave de Noël nous ouvrent sur le mystère de Jésus Christ. Le titre de la Mère de Dieu récapitule en quelque sorte tout le mystère de Noël. Il récapitule tout le mystère de Jésus Christ.
En effet, c’est bien au concile d’Éphèse en 431 que le titre de la Mère de Dieu a été officiellement attribué à Marie. Théotokos, c’est celle qui engendre Dieu. Juste avant le concile d’Éphèse, il y a eu des voix qui appelaient Marie Christotokos, celle qui engendre le Christ. Vu de loin, cela semble être la même chose, mais vu de près, la réalité est bien différente et surtout l’enjeu de telle appellation de Marie est de taille. De quoi s’agit-il ?
Et bien, il s’agit de l’unité dans le Christ Jésus. Les théologiens vont parler de l’unité hypostatique. Je m’explique. Nous avons remarqué au cours de l’octave de Noël qu’il y a deux balises claires pour connaître l’identité de Jésus. D’une part, Jésus est vrai homme, né à Bethléem. D’autre part, Jésus est le Verbe de Dieu, venu parmi nous. Il y a donc deux natures en Jésus, nature humaine et nature divine. Ne divisent-elles pas Jésus, n’y a-t-il pas deux Jésus ? Jésus de l’histoire, un homme, et le Christ de la foi, Dieu, pour parler en termes théologiques du siècle passé ? Ceux qui disaient, au moment d’Éphèse, que Marie était Christotokos, celle qui engendre le Christ, insistaient sur le fait que Marie a engendré seulement l’homme Jésus, elle a donné à Jésus seulement l’aspect humain, alors que l’aspect divin, la nature divine, s’est adjoint à Jésus ultérieurement et indépendamment de Marie. Autrement dit, elle n’a pas engendré Dieu, elle n’est pas Mère de Dieu, elle n’est pas Théotokos. Qu’est-ce que cela signifie ? Et bien, qu’il y aurait en Jésus comme deux personnes et, pire encore, que Dieu ne s’est pas réellement incarné. Par conséquent, s’en est fini avec notre salut…
La question principale qui sera posée au concile d’Éphèse est la suivante : comment se fait l’unité entre ces deux natures ? La réponse sera claire : deux natures, humaine et divine, se trouvent unies, sans mélange ni confusion en une seule et unique personne de Jésus Christ. C’est la notion de la personne qui tient ensemble la nature humaine et la nature divine. C’est ce qu’on appelle l’union hypostatique. Marie est bien la Mère de Dieu, Théotokos, et c’est par elle et en elle que le Verbe de Dieu et devenu vrai homme. La nature humaine a été assumée par le Verbe dans le sein de sa Mère. Il n’y a pas deux Jésus. Il y a un seul et unique Jésus Christ, vrai homme et vrai Dieu, dès la conception.
Et pour nous ? Je crois profondément que la solennité d’aujourd’hui reste aussi une solennité mariale. Marie, Mère de Dieu ! Et bien, c’est simple. D’une part, Marie est l’une des nôtres. Elle nous connaît, elle comprend nos peines et nos désirs. D’autre part, elle est aussi la Mère de Dieu. Elle connaît son Fils, elle sait comment lui parler. Elle est celle qui nous montre le chemin vers son Fils. Alors demandons à la Mère de Dieu d’ intercéder pour nous auprès de son Fils Jésus Christ, vrai homme et vrai Dieu. Amen.