5ème Dimanche du TO - B
Père JosephTraband sj
8 février 2015
Marc 1, 29-39
Vous avez entendu mes frères et soeurs le livre de Job. Je préfère ne pas trop en parler. « Ma vie n’est qu’un souffle, mes yeux ne verront pas le bonheur. »
Job passe par toutes sortes d’épreuves ? C’est une expérience spirituelle et humaine difficile à porter. Il suffit d’évoquer tous ceux qui souffrent aujourd’hui notamment dans des pays de guerre. Il y a de quoi désespérer. Je me contenterai d’évoquer l’Irak. Il y a des communautés dominicaines là-bas et je vous demanderai de faire un geste de partage pour eux à la fin de cette célébration.
Evoquer l’Irak c’est évoquer de nombreux pays dans le Proche Orient, ou en Afrique ou à nos frontières de l’Europe…l’Ukraine par exemple.
Pour nous remettre de ce message, écoutons plutôt l’apôtre Saint Paul et mieux encore ce que fait Jésus pour sauver l’humanité. …Cela nous donnera sens et nous rendrons grâce pour la vie qui nous et donnée chaque jour.
L’apôtre Paul, l’apôtre des nations nous dit que c’est une nécessité pour lui d’annoncer l’Evangile. Il est vraiment libre dans manière de faire, de dire pour s’occuper du salut des autres et pour être serviteur. Liberté de parole sans fausse pudeur…vous savez la liberté d’expression nous y tenons surtout après les évènements que nous avons vécus dans notre pays. « Oui libre à l’égard de tous, je me suis fait le serviteur de tous afin d’en gagner le plus grand nombre… » et là le texte a été coupé .
Puis nous avons écouté la suite J’ai partagé la faiblesse des plus faibles pour gagner aussi les plus faibles.
Par curiosité je suis allé voir le passage manquant : Paul parle de plusieurs catégories de gens auquel il est chargé d’annoncer l’ Évangile. Oui il y a nécessité pour moi d’annoncer l’évangile !Il mentionne donc « être Juif avec les Juifs, comme un juif pour gagner les juifs avec ceux qui sont assujettis à la Loi, comme si je l’étais avec ceux qui sont assujettis à la Loi- alors que moi-même je ne suis pas sans Loi de Dieu puisque Dieu est ma loi – pour gagner ceux qui sont sans loi (les païens)
Pourquoi nous avoir privés de cette catégorie ? Remarquez pour Paul le monde juif est devenu son lieu culturel pour annoncer la Parole. Jésus était juif, donc nous pouvons annoncer la Parole aussi aux Juifs. Il n’y a pas d’exclusion…
Remarquez que ces derniers temps nous avons progressé dans la connaissance inter-religieuse. A Grenoble, nous avons vu et entendu dans la cour de la maison diocésaine à la fois et en même temps un Imam, un Rabbin et un Évêque. Nous voyons l’Esprit à l’œuvre parmi les croyants au même Dieu.
Paul n’est pas esclave de la Loi, des 613 règles de vie du monde judaïque, il n’est pas légaliste, il est libre par rapport à la Loi, mais il pratique la loi d’amour, la Loi de Dieu.
Bref à cinq reprises son attitude est expliquée : Il souhaite « gagner » l’autre, ce que le récapitulatif réaliste du dernier verset que nous avons entendu traduit par l’idée de sauver « sûrement quelques- uns ».
Avec l’Évangile de Marc, faisons une relecture dans la foi d’un fait historique. Il s’agit bien d’une interprétation théologique mais qui ne supprime pas pour autant l’historicité de l’événement. Ceci nous montre comment Marc et les premiers chrétiens ont compris en profondeur, à la lumière de la Résurrection la portée permanente d’un geste de Jésus apparemment banal et quotidien..
Jésus guérit les malades
Chasse les esprits mauvais,
Proclame la bonne nouvelle
Et se re-tire ( se tire à nouveau) pour prier, pour se ressourcer auprès de son Père , pour faire sa Volonté.
Regardons maintenant la scène de la belle – mère de Pierre…
La belle- mère est alitée, elle a de la fièvre, on ne va pas la laisser comme cela, quand même !. Jésus relève la belle -mère de Pierre en lui saisissant la main.
Il y a un contact physique avec celle qu’il guérit. Serait-ce une annonce discrète de l’effet des sacrements vécus dans la communauté chrétienne ? Il faut toujours un geste et une parole , un signe. Dans tout sacrement c’est Jésus vivant qui s’approche et touche par sa grâce l’homme malade de son péché, pour le guérir.
Vous savez le Pape François à la suite de Jésus nous montre la même chose. Ces gestes d’humanité, pleine d’attention pour les autres ne passent pas inaperçu. Il accueille aussi les malades, embrasse des handicapés ou ceux qui ont des maladies , il lave les pieds aux détenus. Jésus relève, libère, remet debout. Énergie créatrice, faisant de ceux qui sont touchés par la grâce des témoins de sa miséricorde. A peine debout, guérie vraiment, la belle- mère s’empresse à faire le service
service Domestique,
service Liturgique
service Communautaire
A travers elle c’est toute l’humanité blessée , paralysée par le péché que le Christ remet debout pour lui permettre de rendre un culte à Dieu et de servir aussi tous les frères.
Nous aussi le Christ nous relève pour que nous puissions servir jusqu’au bout, jusqu’au don total de nous –mêmes.
Le Fils de ‘homme est venu pour servir et donner sa vie…En tout cas il n’est pas venu pour se faire servir.
Enfin n’oublions pas que Jésus dans toute cette activité débordante se retire parfois pour prier, pour se ressourcer auprès de son Père , « Le lendemain, bien avant l’aube, Jésus se leva. Il sortit et alla dans un endroit désert et là il priait. » Nous sommes invités à nous tourner sans cesse vers le Père, source et finalité de toute notre existence. Se retirer pour prier ce n’est pas pour fuir les autres mais au contraire pour mieux les retrouver et les envoyer en mission à leur tour. Car viendra le moment où Jésus nous dira, comme il l’a dit à ses disciples « partons ailleurs dans les villages voisins afin que là aussi je proclame la Bonne nouvelle : car c’est pour cela que je suis sorti. » Voyez, la Bonne nouvelle n’a pas de limite, le Salut est pour tous.
Voilà qui nous permet de sortir de la description désespérante du livre de Job.
Rendons grâce au Seigneur pour tous les bienfaits que nous avons reçus et prions pour le salut du monde. Amen