2ème Dimanche de Carême - A
Frère Pascal Marin op (La Tourette)
12 mars 2017
Matthieu 17,1-9
Le Christ, nous dit saint Paul, a détruit la mort et il a fait resplendir la vie et l’immortalité par l’annonce de l’évangile. Le Christ a détruit la mort, et pourtant la mort est toujours là qui fait son œuvre cruelle parmi nous.
Le Christ a fait resplendir la vie éternelle par l’annonce de l’évangile, et pourtant nous voilà toujours pris dans les contraintes, les épreuves d’une vie qui peine à nous donner l’idée de ce que peut être une éternité bienheureuse.
Mais justement, c’est bien dans la tristesse de notre quotidien que l’évangile du Christ prend tout son sens et toute sa force.
C’est une parole qui a pouvoir de discerner, de révéler, le petit peu, le ténu, le discret, qu’on ne voit pas nécessairement, et où œuvre déjà en nous le ferment
qui travaille au cœur de la pâte levain de la vie éternelle en nos vies.
Prenons par exemple, notre évangile, ce récit de la Transfiguration !
La Transfiguration, est-ce seulement un récit à visée théologique, comme un bibliste inclinera à le dire ? Parce qu’il y est question sur la montagne d’une intimité de Jésus avec Moïse et Elie.
Une manière pour l’évangéliste de dire sa foi en Jésus, nouveau Moïse, nouvel Elie. C’est sans doute cela mais pas seulement. Pour être évangile, bonne nouvelle, le récit de la transfiguration, doit parler d’une expérience qui se vit dans la foi et où prend corps l’espérance en la vie éternelle, autrement en dit en la Résurrection des morts.
Et la Résurrection, c’est bien le sens que l’évangéliste Matthieu donne à ce récit de la transfiguration. Puisque Jésus demande à ses disciples de garder le silence à propos de leur vision sur la montagne défense d’en parler, il leur dit, avant sa Résurrection,
Je pense qu’il s’agit par là de préparer l’esprit des disciples à la Résurrection,
de les aider à mettre un petit peu d’expérience, dans ce mot étrange de « résurrection ». Et c’est aussi qu’ils puissent affronter les Jours de la Passion du Seigneur Jésus, avec dans les yeux, avec dans le cœur, le souvenir vivant d’un grand horizon de lumière. Cette lumière de la transfiguration, elle restera là déposée en eux, rassurante, apaisante, au fond de leur regard. Elle a été donnée, elle ne sera pas reprise.
Et nous alors ?
Nous aussi nous y avons déjà été sur cette montagne de la Transfiguration.
Chacun de nous le sait, souvenons-nous, de l’un ou l’autre de ces moments, où nous avons été surpris, éblouis, par l’éclat d’une beauté surnaturelle, un fragment de ciel, sur un visage transfiguré par la joie. Souvenons-nous, de l’un ou l’autre de ces moments où ce monde bruyant soudain nous a paru plongé dans le silence d’une paix profonde.
Oui, souvenons-nous, d’un seul de ces moments de vie transfigurée, où comme Pierre, Jacques et Jean, nous aurions aimés arrêter le temps.
Seigneur, il est bon que nous soyons ici !
Dans ces rares moments, il nous a été facile de croire au Ciel.
De croire en la bienveillance pour nous du Dieu Créateur, de nous sentir aimé de Lui comme son ami.
Ce que cet évangile de la Transfiguration nous dit en notre carême 2017, c’est que nous devons croire à ce qu’il y a eu de transfiguration en nos vies.
Nous devons croire à la lumière plutôt qu’aux ténèbres. Les ténèbres, qui engendrent le désespoir, mentent. La lumière qui fait naître et renaître l’espérance, seule elle dit vrai.
Croire à la lumière plutôt qu’aux ténèbres, voilà la conversion, qu’il nous faut vivre en ce temps de carême. La conversion, qui peut nous rendre un peu plus légère la vie, et un peu plus ardent notre désir d’y voir briller autre chose que le faux brillant des idoles, une lumière céleste, un éclat de vie éternelle.
Se convertir, se tourner vers la lumière, croire en la lumière, plutôt qu’en les ténèbres, croire en la joie, plutôt qu’en la tristesse, c’est savoir où la vraie joie réside, et ce qui peut nous la rendre, lorsqu’elle nous semble avoir été perdue,
c’est décider de nous en remettre, à présent au Dieu qui a dit : Celui-ci est mon Fils bien aimé, en qui je trouve ma joie, écoutez-le.
Nous avons écouté la Parole du Fils bien aimé, nous allons communier à sa vie transfigurée, Que notre Père céleste éveille, réveille en nos cœurs, un peu de cette lumière de Ciel qu’il met sur le visage de ses enfants. Amen.