Solennité de l'Annonciation du Seigneur - 2017 - A
Frère Jean Laurent Valois op
25 Mars 2017
Luc 2,
En ce jour du jubilé de notre sœur Marie-Bernadette, nous voulons rendre grâce au Seigneur pour tout ce qu’Il a fait pour elle et par elle tout au long de ces années de vie religieuse. Histoire d’une double fidélité, de notre sœur d’une part et du Seigneur d’autre part. Vingt cinq ans, ce n’est pas rien – certaines diraient… que « c’est un beau début » – Cela mérite de s’y arrêter. Relire 25 ans de vie religieuse ne consiste-t-il pas à revoir un chemin plein de projets et d’imprévus, d’épreuves et de joies ? Avec cette expérience que Dieu ne déçoit pas ; qu’à chaque instant, il était avec nous et la certitude que Dieu est avec nous… c’est lui qui prend la relève.
« Dieu est avec nous », voilà une parole du livre d’Isaïe que nous venons d’entendre qui ne s’use pas. « Dieu est avec nous ! », Mais c’est un cri de victoire : Dieu… avec tous !… à commencer par les plus faibles, les plus pauvres. Ce qui a permis cela ? Le « oui » obéissant et audacieux d’une jeune fille de Nazareth appelée Marie venue accomplir la prophétie d’Isaïe : « Voici que la vierge est enceinte, elle enfantera un fils, et on l’appellera Emmanuel, c’est-à-dire Dieu avec nous. » Par ce oui, Marie devient un modèle pour nous.
Évidemment, ça n’empêche pas de garder les pieds sur terre, c’est même plutôt recommandé. Les premiers mots que Marie prononce dans l’évangile de Luc, c’est… « Comment cela va-t-il se faire ? » C’est vrai, Dieu dit beaucoup de choses ; il dit qu’il écoute le pauvre qui crie vers lui, qu’il élève les humbles et renverse les puissants, que le Royaume des cieux est aux pauvres de cœur… mais… Comment cela va-t-il se faire ? Dans le silence de Nazareth, Marie a préparé son cœur. Elle est porteuse de toute l’espérance de son peuple. Elle dit oui, elle fait confiance à ce Dieu qui tient parole. Elle croit à ce Dieu qui, depuis le commencement, fait ce qu’il dit.
Quant à nous, il y a une petite phrase de l’angélus qui nous est familière. Elle est d’une densité inouïe : « Le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous. » Face à ce mystère, d’abord, la contemplation ; l’émerveillement devant une promesse qui s’est réalisée et qui ne cesse de se réaliser sous nos yeux. Vous savez, l’évangile ne nous a pas attendu pour fleurir là où on ne l’y attendait pas. Quand Dieu décide de se rendre présent, de se faire chair, d’habiter parmi nous et en nous, il se débrouille toujours pour le faire.
Qu’est-ce que cela veut dire ? Que nous n’avons plus qu’à nous reposer sur nos lauriers ? !… Bien sûr que non ! Face au mystère de l’incarnation, il y a forcément à se retrousser les manches. Nous sommes les mains, le regard, l’oreille attentive de ce Dieu qui veut se faire chair. Il compte sur nous ; puissions-nous entendre son appel. Il y a aussi, c’est le défi, à s’enraciner toujours plus dans la prière ou plutôt à y plonger toujours plus profondément ; à ne pas rester à la surface. Au chapitre 7 d’Isaïe, celui-ci fait dire à Dieu : « Si vous ne tenez pas à moi, vous ne tiendrez pas. » ; si on le lâche, on dérive.
En définitive, pour notre monde et pour ceux qui l’entendent, l’appel de Dieu et l’appel à la suite du Christ et à la manière de Saint Dominique sont des grâces. C’est ce que nous fêtons aujourd’hui. Amen.