Conversion de St Paul 2019
Fr Grégoire Laurent-Huyghes Beaufont op
Conversion de Paul – Un juif accompli
D’abord, il y a cette lumière, tout autour, peut-être comme une vaste neige, qui annule toute chose et en dissout les ombres dans sa pure clarté. Si pleine si totale qu’il n’y a plus rien à voir : ni le chemin que l’on a parcouru, ni le prochain pas à faire. Plus rien à voir, mais à entendre. Saül : un vocatif, presque une vocation, pourquoi me persécutes-tu ? , où s’enracine la conversion de Paul. Lui-même le dira, et plutôt deux fois qu’une, que : cette conversion est radicale et complet le retournement ; le persécuteur devient confesseur, le juif jaloux de ses prérogatives sera apôtre des nations, il échange l’observance de la loi pour l’obéissance de la foi, et tous les mérites innés ou bien acquis ne sont plus que des ordures au regard de la grâce gratuitement donnée.
Mais Saül, pourquoi me persécutes-tu ?, avant d’être le mot de Jésus le Christ à Paul, ce sont les mots de David à Saül (1S). Persécuter le messie, quand on s’appelle Saül et qu’on est de la tribu de Benjamin, c’est presque une tradition, comme s’il y avait là quelque chose d’irrésolu dans la mémoire collective. Et il y a aussi quelque chose en attente dans la mémoire personnelle de Paul. Dans le récit d’Ac 22, il nous dit que ses compagnons voient la lumière mais n’entendent pas la voix : la lumière est dehors, la voix est dedans, comme si la parole montait des profondeurs du cœur. Saül le pharisien a longuement lu, médité, entendu, commenté, oublié et ré-entendu la loi et les prophètes. Cette parole de 1 Samuel s’est déposée dans sa mémoire pour resurgir à cet instant précis, comme une évidence à la lumière de Jésus Christ.
Le Christ convertissant Paul n’annule pas le lieu où il se rend, Damas, n’annule pas non plus tous les pas qui l’ont précédé. Et Paul n’oublie pas non plus : qu’il est pharisien, disciple de Gamaliel, il en joue même au Sanhédrin lors de son arrestation : « c’est parce que je suis un pharisien qui croit à la résurrection que l’on m’a arrêté. »
Paul, un juif converti ? Une histoire rapportée par frère JM Poffet. En terre sainte, un pèlerin, étonné de voir la connaissance et la sympathie de sa guide israélienne de confession juive a pour le christianisme, finit par lui demander : « vous n’avez jamais songé à vous convertir ? » Sa réponse est une leçon de tact et de théologie : « à me convertir ? Non. Peut-être, un jour, à m’accomplir. » Paul, ce n’est pas un juif converti, Paul, c’est un juif accompli. En cette semaine de prière pou l’unité des chrétiens, faisons avec Paul cette prière pour que s’accomplissent les fils d’Israël. Et puis, que l’on se réclame de Pierre, de Paul ou d’Apollos, disciples de Luther ou du concile de Trente, de Paul VI ou de Pie V, quelle que soient nos mémoires collectives et personnelles, prions pour que, en tous, ce soit de plus en plus Jésus, seulement Lui, qui vienne s’accomplir.