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28ème dimanche du TO C

P. Michel Mounier – diocèse de St Etienne

Lc 17, 11-19

Comme Jésus entrait dans un village, dix lépreux virent à sa rencontre.

Étaient-ils encore des hommes ? La lèpre en effet ronge la personne.

A l’époque de Jésus, les lépreux étaient exclus de la vie sociale. On a bien failli connaître ça, ou plutôt on l’a connu, il y a quelques dizaines d’années chez nous où une autre maladie tenait lieu de lèpre.

Ils ne devaient pas entrer dans un village.

La lèpre était la plaie par excellence.

Et les croyants d’Israël pensaient que le péché en était la cause.

Étaient-ils encore des hommes ?

Parmi ces lépreux, l’un est samaritain. Deux fois exclu par sa lèpre et son statut d’étranger. Là encore que de  résonances aujourd’hui !

Etait-il encore un homme, ce samaritain ?

Et voilà que ces lépreux rencontrent Jésus.

Et lui, était-il un bon israélite, ce juif qui traversait la Samarie ?

Depuis trois ans, il bravait les docteurs de la Loi. Aujourd’hui aussi ce combat se poursuit, ainsi autour du synode sur l’Amazonie.

Au nom de Dieu, il appelait les pécheurs, il guérissait les impurs. « Qui suis-je pour juger ? », a dit un jour le pape François.

Il s’opposait aux prêtres du Temple.

Etait-il encore juif, ce Jésus qui appelait Dieu : Abba, papa, mon père et votre père ?

Et voilà qu’ils se rencontrent.

Les lépreux défient les usages en parlant à quelqu’un. Jésus lance un défi aux prêtres en leur envoyant ces lépreux guéris.

Mais était-ce encore un défi ? En fait, c’était une annonce. En route pour Jérusalem et le Golgotha, Jésus allait dire la naissance avec la croix, la vie qui dépasse toute mort.

Et voilà qu’il commence dans ce village. Les carcans peuvent déjà être cassés ; les malades peuvent déjà se relever, les lèpres de la vie déjà être guéries. Les exclus déjà réintégrés.

Mais était-ce encore une annonce ? Plutôt une remise à l’endroit, lorsque les derniers sont premiers, la brebis perdue est la plus importante. Nos lèpres, nous en avons tous, ne sont pas le dernier mot de la vie. C’est Dieu qui est remis à l’endroit.

Mais était-ce seulement une remise à l’endroit ?

En fait, c’était un salut. Derrière nos lèpres, il y a une promesse, un appel à être plus homme, plus femme, un appel à une vraie rencontre. Appel à vivre avec Dieu. Et plutôt que de s’obséder sur nos lèpres, il nous faut regarder Jésus comme celui qui nous fait sortir des gangues qui nous enferment sur nous-mêmes, qui nous relève de nos déchéances intérieures.

Personne ne connaît le jour et l’heure de cette renaissance pour soi-même. Les neuf autres lépreux auront d’autres carrefours pour crier ; d’autres occasions pour découvrir leur merci ; d’autres moments pour voir en vérité. Pour cet homme, ce fut ce jour-là, en Samarie, sur la route de Jérusalem.

Pour toi, pour moi, quel sera l’appel qui nous fera revivre ? Quel sera le défi qui nous fera repartir avec Dieu ?

Quelle sera l’annonce qui nous convertira ?

C’est l’avenir de chacun qui se joue là. Ce jour-là, Jésus dit à cet homme : « Relève-toi et va, ta foi t’a sauvé. »