Baptême du Seigneur A
Fr Didier Vernay op
Matt 3. 13-17
Nous sommes environnés de montagne. J’ai donc envie de rester avec vous dans la montagne. Lorsqu’il nous arrive de partir en excursion dans la montagne, que nous soyons débutants ou chevronnés, nous avons besoin d’un guide ou d’un premier de cordée. C’est l’expérience que j’ai vécue lorsque j’étais à la Sainte Baume, site en moyenne montagne non loin de Marseille.
Chaque année, le lundi de Pâques, nous montions à plusieurs pour contempler le lever du soleil et célébrer l’eucharistie dans la chapelle du Saint Pilon où, nous dit la Tradition, Marie-Madeleine montait sept fois par jour pour prier en compagnie des anges. Cette année-là, point de lever de soleil annoncé, mais un épais brouillard accompagnait chacun de nos pas. En-tête du groupe des marcheurs, il y avait notre guide qui ouvrait la marche et avançait sans hésitation vers la chapelle, but de notre aventure matinale. Arrivés à la chapelle, chacun lui a dit: “C’était extraordinaire, au fur et à mesure de la marche, tu avançais en tête et ouvrait le chemin dans un épais brouillard. Eh bien, derrière toi, le brouillard se transformait en lumière. »
Venons-en à l’évangile de la fête du jour. Jésus, en tant que Fils de Dieu, n’a pas besoin d’être baptisé par Jean le Baptiste. Le dialogue entre eux nous le dit bien : “Jean voulait l’en empêcher et disait: “C’est moi qui ait besoin d’être baptisé par toi, et c’est toi qui viens à moi!”
Mais Jésus lui répondit : “Laisse faire pour le moment car il convient que nous accomplissions toute justice.” Mt 3,15
Jésus, passe par le baptême de Jean le Baptiste, baptême dans l’eau en signe de conversion. Mais puisqu’Il est guide, Il va lui donner un sens nouveau. La plongée dans les eaux du Jourdain devient signe d’une nouvelle naissance. Une fois Jésus remonté de l’eau, nous assistons à une manifestation trinitaire. Ce n’est pas une Épiphanie comme lors de l’adoration des mages ou celle des bergers, manifestation qui publie alentour la Bonne Nouvelle de l’Incarnation, Dieu qui est devenu l’un de nous dans un enfant. C’est une théophanie Trinitaire. Une manifestation de la Trinité. Le Fils unique, Jésus, sort des eaux ; l’Esprit se manifeste sous la forme d’une colombe ; la voix du Père se fait entendre : “Celui-ci est mon Fils bien-aimé en qui je trouve ma joie”.
Eh bien! Vous qui êtes dans cette église aujourd’hui, vous êtes bénéficiaires de cette même réalité. Lors de votre baptême, vous avez été plongés dans les eaux baptismales. Vous y avez été revêtus du Christ Lui-même. “Vous tous qui avez été baptisés en Christ, vous avez revêtus le Christ’. Vous avez été bénéficiaires de la plénitude de l’Esprit Saint, puisque vous avez été oints avec le Saint Chrême. La voix du Père n’a pas retenti à vos oreilles mais, au plus profond de votre cœur a retenti sa voix qui vous a dit : « Tu es mon fils, tu es ma fille bien-aimé(e), en qui je trouve ma joie”.
Chacun de nous est souvent passé à côté des grâces déposées en lui au jour de son baptême. Il est heureux que la liturgie de l’Église nous donne de retrouver, chaque année, en cette fête du Baptême du Christ, le trésor qui a été déposé dans nos cœurs et qui se déploie lorsque nous mettons en pratique la règle de vie proposée par Jésus dans l’Évangile. Comme un bon guide, Il nous montre le chemin de la Joie du Père en nos vies.
Cette règle de vie se décline de différentes manières selon les différentes spiritualités : dominicaine, franciscaine, carmélitaine, bénédictine, ignatienne… Elle se décline aussi dans les différents mouvements d’apostolat auprès des jeunes et des adultes.
Vous êtes nombreux Scouts et Guides Unitaires de France ainsi que des Scouts d’Europe, en cette église de Notre Dame de Chalais. En communion avec les Scouts et Guides de France, les Scouts et Guides d’Europe, ayant été moi-même louveteau, scout, chef et aumônier dans les Scouts de France, j’ai réalisé ce matin que la Prière Scoute est un bon concentré de l’Évangile. Je vous propose, non sans émotion de la prier ensemble :
“Seigneur Jésus,
Apprenez nous à être généreux,
A vous servir comme Vous le méritez,
A donner sans compter,
A travailler sans chercher le repos,
A combattre sans souci des blessures,
A nous dépenser sans attendre d’autre récompense
Que celle de savoir que nous faisons Votre Sainte Volonté”.
Saint Ignace de Loyola
Nous terminons cette prière avec le même mot que l’oraison d’ouverture de cette messe, qui nous invitait à vivre la volonté du Père.
Bonne aventure baptismale.