Ressusciter en 2020 !
Jésus est bien ressuscité, Alléluia !
vigile pascale
Exultet :
Lectures et psaumes :
Evangile Matt 28. 1-10 – Homélie du P M Mounier :
« Soyez sans crainte, allez annoncer à mes frères qu’ils doivent se rendre en Galilée : c’est là qu’ils me verront. »
C’est ce qu’il avait annoncé.
Ce jour-là, le tombeau a été ouvert pour bien montrer qu’il était vide. Ainsi on constate qu’il n’y a rien à voir.
Si ce tombeau a été ouvert, cela montre l’intervention de « quelqu’un » et ce « quelqu’un » ne peut être que Dieu même.
La fermeture du tombeau sur Jésus signifiait la victoire de ses ennemis, mettant un point final à sa prétention d’interpréter souverainement la Torah, d’être l’envoyé de Dieu et son Fils même.
Ouvrant le tombeau, Dieu prend parti.
Jésus parlait tellement vrai que la mort n’a plus de pouvoir, elle est morte ce jour-là. « Il est ressuscité, comme il l’avait dit. »
Personne n’a vu Jésus en train de ressusciter. Mais on s’est souvenu qu’il avait annoncé ce qui arriverait.
Il est ressuscité comme il l’avait dit.
La parole est accomplie. Et c’est son Père qui est intervenu pour cela. C’est cela qui nous arrive à nous, vraiment. Nous sommes ressuscités, comme Jésus nous l’a dit.
Oui, Dieu est intervenu dans les tombeaux de nos vies afin d’en ouvrir les pierres de fermeture et de nous faire vivre de lui pour l’éternité.
Ce jour-là, avec le tombeau, l’esprit des disciples s’est ouvert pour qu’ils comprennent le vrai mystère de Dieu vivant. L’enjeu est le même pour nous aujourd’hui.
Un second message, ce jour-là, est donné aux femmes : Jésus nous précède en Galilée. La Galilée, là où se mêlent païens et étrangers. Pour un habitant de Jérusalem, un prêtre du Temple, des frustres, des incultes et des impurs. « De Galilée ne se levait aucun prophète », ont dit les pharisiens à Nicodème. C’était pourtant le pays de Jésus, le Galiléen. Celui de beaucoup de ses disciples. C’est là qu’il a fait presque tous ses miracles. Dans ce rendez-vous donné là à ses disciples, Jésus semble vouloir dire que c’est toute sa vie d’avant qui est ainsi ressuscitée, et qui prend pleinement sens.
Voici que sa résurrection est comme la confirmation, la validation de toute sa vie incarnée, de la façon dont il a aimé. Le message de l’ange n’est pas un communiqué de victoire, mais l’annonce du projet de Dieu pour tous.
Voici que les derniers deviennent premiers.
Voici que la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres.
Voici que la puissance de Dieu et que le Royaume atteignent les païens eux-mêmes.
C’était vrai ce jour-là. C’est vrai pour nous aujourd’hui. Dans la Galilée de nos vies. Nos vies parfois boiteuses. Dans les parties les plus obscures de nos existences. Dans nos drames personnels et collectifs comme celui que nous vivons ces jours. Non, il n’y a plus rien à chercher du côté des morts. Notre tombeau a été ouvert par Dieu lui-même. Le Christ nous devance dans nos propres vies pour nous ouvrir au mystère de Dieu et à la vie éternelle.
Oui, nous avons des obscurités. Mais nous n’avons plus à en avoir peur ; car nous sommes ressuscités.
Bienheureuse Galilée où il nous précède, comme il l’avait annoncé.
Dimanche de Pâques
Procession suivie des Laudes à 8h
Messe de la Résurrection à 11h30
Evangile Jn 21 – Homélie du P M Mounier :
Nous avons entendu des récits pleins de cris et de fureurs ; ceux relatifs à la résurrection nous ramènent au calme. Après une nuit qui est plus que la nuit, car elle représente la puissance des ténèbres, nous voici au petit matin, à l’heure où la lumière ressurgit.
L’Évangile nous dit que nous sommes « le premier jour de la semaine » et cela nous reconduit aux premières lignes de la Bible, quand Dieu illumine le monde pour créer le premier jour. Il ne s’agit pas pourtant de la même histoire. Dans le récit de la Genèse, la lumière surgit du néant. Dans l’Évangile le Christ-lumière se lève du tombeau, des ténèbres qui signifient que la mort est intervenue, qu’il y a eu meurtre, destruction de la première œuvre de Dieu. La parole créatrice de la création, cette parole qui est le Christ lui-même, a été reniée. Mais voilà la Parole de Dieu, Paul nous le dira, ne peut être enchaînée, même par la mort.
Voici donc un nouveau matin, une nouvelle aube des temps. Voici un homme nouveau.
Nous disons volontiers, parfois un peu facilement, que la résurrection est le centre de la foi. Mais voilà, nous avons tous les jours devant les yeux le spectacle de la mort, mort physique, spirituelle, mais aussi grande pauvreté, profonde détresses psychologiques. Oui, la mort « parle ». Elle nous dit, du moins pouvons-nous le penser, que nous vivons en vain, que le dernier mot appartient à notre effacement de la terre des vivants. La mort serait donc plus forte que l’amour créateur.
L’événement de Pâques s’inscrit en faux contre cette apparence. Car Dieu ne créé pas pour la mort. Vie et mort sont incompatibles, or Dieu est vie.
Centre de la foi, la résurrection en est aussi la pierre d’achoppement. Si nous savons à peu près ce que nous disons quand nous disons « mort », nous ignorons ce que nous disons quand nous disons « résurrection ». Nous partageons une affirmation qui nous est donnée : il est vivant ce Jésus qui était mort. Mais vivant comment ? Nous n’avons pas de réponse car nous ne pouvons pas comprendre ce qu’est la vie en Dieu. La résurrection est donc une épreuve pour la foi, Paul l’a expérimenté à Athènes, mais elle est surtout le fondement de notre espérance. Aussi, sans certitude, nos pires détresses peuvent être traversées d’une profonde joie. Étonnement.
Que nous dit l’Évangile que nous avons entendu ? Il est discret, ne parle pas encore d’apparitions. Voici le tombeau ouvert et vide, les linges mortuaires. Jésus n’est donc plus à chercher là, parmi les morts. Luc nous dit : « Pourquoi cherchez-vous parmi les morts celui qui est vivant ». Cette place vide nous dit beaucoup. Elle signe l’absolution de Dieu pour le meurtre, le corps du délit a disparu. Amnistie donc, mais aussi annulation du procès du Christ. Aussi les linges sont pliés, à leur place, comme si rien ne s’était passé, que personne n’avait été déposé là. Annulation ? Pourtant il y a eu procès, flagellation, crucifixion. Pourtant dans nos églises, sur nos carrefours, au bord de la mer ou au plus haut de nos montagnes, il y a des croix. Et nous en portons sur nous. Cela pourrait-il être effacé ? En rien, bien sûr. Mais cette mémoire-là est maintenant inséparable de la mémoire du pardon. Dieu ne crie pas vengeance. La pierre qui enfermait Jésus a été enlevée : le tombeau n’est plus enténébré, il communique avec l’extérieur, la vie. Le tombeau ouvert nous dit que Dieu est libération : sortie d’Égypte, retour d’exil, pardon des péchés, soin pris des plus pauvres. Nous voici délivrés de l’esclavage. Puissions-nous vivre en femmes et hommes libres, disponibles à nos frères et sœurs, disponibles au Seigneur, déjà ressuscités.
Chant final :
Lire l’interview de sr Jeanne-Marie :