2ème Dimanche de l'Avent B
Mgr Pontier
Mc 1.1-8
La pandémie que nous subissons depuis bientôt un an a creusé en nous l’attente d’un vaccin et le monde entier est dans cette attente. Il attend le vaccin. Et nous avec. Un vaccin qui protégera nos corps à défaut de les guérir. Mais cette pandémie nous a fait prendre conscience d’une chose profonde : Tout est lié. Et la pandémie règne sur toute la planète. Déjà notre Pape François nous l’avait rappelé dans l’encyclique « Laudato Si » en montrant qu’on ne peut violenter la planète sans que cela ne retombe sur nous tous. Oui tout est lié. Mais il nous faut aller plus loin : tout est lié en ce bas monde, mais tout est lié entre le monde créé et son Créateur. Quand l’homme se sépare de son Créateur et Père, le rejette, l’oublie, ce n’est pas seulement son corps qui va plus mal, mais aussi son cœur, son être profond. Et le Pape François a repris la plume pour nous rappeler que nous sommes tous frères, fils du même Créateur et que nous sommes appelés à vivre dans la fraternité et la paix sociale.
Tout est lié. Et même le Créateur et Père à sa créature ! Tellement lié qu’il est saisi de compassion pour ses enfants les hommes atteints de multiples maladies du cœur, celles de l’orgueil, de l’oubli de son origine et de son avenir, celle aussi du bienfait de la fraternité. Et voilà cet homme pris dans les ténèbres épaisses du désespoir, de la révolte ou de la violence, de la haine, de l’infidélité, de l’injustice, de l’indifférence au sort de ses propres frères, de la perte du sens du bien commun. Le voici, vulnérable à toutes les convoitises, celles de la richesse, de la recherche du pouvoir, de ce qu’apporte la chair. Mais tout est lié ! Et le créateur et Père est lié à ses créatures et ne peut supporter de les voir souffrir et au pouvoir de l’adversaire qui les rend malades. Alors il vient lui-même, répondant à l’appel de tous ceux qui lui crient : Viens, Viens nous sauver.
Et voilà Jean le Baptiste qui annonce sa venue. Il vient comme un chef de protocole exigeant qui veut que tout soit bien en ordre quand viendra, comme il le dit « celui qui est plus fort que moi ; je ne suis pas digne de m’abaisser pour défaire la courroie de ses sandales. » Il est envoyé pour préparer sa venue. Et il ne ménage pas sa peine. Mais il fait les choses à sa manière, maniant davantage le bâton et le fouet que la bienveillance et l’encouragement. Et de fait quand sera venu celui qu’il pensait être l’envoyé de Dieu, il lui enverra ses messagers depuis sa prison lui demander : « es-tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre ? » Et Jésus lui enverra dire : « Dites à Jean ce que vous voyez : les aveugles voient, les boiteux marchent, les sourds entendent et la bonne nouvelle est annoncée aux pauvres. » Celui qui vient pour guérir les maladies du cœur vient avec la douceur du médecin, du Père, de la mère. Il est doux et humble de cœur. Il vient apporter ce qui a disparu dans ce monde ou qui manque trop : la bienveillance, la compassion, l’encouragement, la fraternité, la justice, le pardon, l’espérance, celle en celui qui a donné et qui donne la vie, parce qu’il est amour et vie.
Et nous voilà en ce dimanche du temps de l’Avent, annonçant sa venue bienheureuse, douce et bienfaisante, sa venue salvatrice. Il va prendre sur lui les conséquences de toutes nos maladies du cœur, celles du désespoir et celles de l’indifférence ou de la méchanceté. Il prendra même celle qui paraît irréparable, la mort charnelle, celle qui clôt notre horizon terrestre. Il en triomphera par sa victoire sur le mal. Il en triomphera par l’abandon confiant en celui à qui nous sommes liés et qui nous tient dans son cœur paternel et maternel.
Chers frères et Sœurs, ne nous trompons pas d’espérance. Oui, celle du vaccin est bonne pour cette maladie du corps. Mais notre espérance est en celui qui nous délivrera des blessures de notre incapacité à aimer jusqu’au bout, à pardonner, à partager, à espérer. Il est venu, voici plus de deux mille ans en notre histoire humaine nous révéler la fidélité de notre Dieu. Il a pris la dernière place pour ne laisser personne sur le chemin du retour dans la maison du Père. Comme dit l’apôtre Pierre : « Il prend patience envers nous, car il ne veut pas en laisser quelques-uns se perdre, mais il veut que tous parviennent à la conversion. » Et la conversion, c’est de ne plus vivre pour soi-même mais pour les autres et pour Dieu. Notre vocation de baptisés, notre service pour les hommes de ce temps, c’est d’annoncer que nous avons un Sauveur, qu’il vient, qu’il nous délivre du mal, qu’il rétablit les liens de confiance et d’amour avec lui et entre nous. Et même de dire : Il est là, son Esprit est à l’œuvre en cet âge. Ne le voyez-vous pas !
Puissions-nous préparer sa venue dans l’humilité, la joie et l’amour fraternel.
Puissions-nous attendre Celui qui est déjà là dans la fidèle présence de celui qui nous aime.
Que cette eucharistie en soit pour nous un heureux signe.