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3ème Dimanche de Pâques B

P Michel Mounier

Lc 24, 35-48

Les enquêtes d’opinion nous indiquent que l’une des croyances les plus partagées, y compris par les chrétiens pratiquants est celle dans la réincarnation. L’esprit ou l’âme passerait ainsi de corps en corps, ce corps pouvant être un animal voir une plante. Ce qui pose problème c’est le corps, la chair. La résurrection de ma chair.

C’est bien la question à laquelle sont confrontés les disciples. Sur le témoignage des femmes et des 2 disciples de retour d’Emmaüs, ils ont fini par le croire, c’est bien vrai le Seigneur est ressuscité, il est vivant. Alors pourquoi cette frayeur et le retour de l’incrédulité quand tout à coup le Seigneur se tient en personne au milieu d’eux ? Ils croient voir un esprit, mais un esprit est il visible ? Ils résistent à la résurrection de son corps Que Jésus soit vivant le la vie de Dieu, soit. Mais alors ce qu’ils voient là ce serait en quelque sorte Dieu lui-même ! La vie de Dieu. Et ils savent bien qu’on ne peut voir Dieu sans mourir, c’est écrit dans leurs Écritures. Et Jésus de leur faire comprendre qu’il est corps, qu’il est chair. Paul parlera de corps spirituel, difficile à entendre convenons en. Désormais l’invisible se manifeste dans le visible, dans le corporel. Le Christ ressuscité est sacrement de Dieu. Cela nous concerne personnellement. Cela implique que dans l’univers de la résurrection nous ne perdons rien de ce qui fait de nous des femmes et des hommes. Sans doute sommes nous alors corporel autrement, mais c’est pour magnifier la chair, le sensible, non pour l’effacer. Notre corps est précieux, infiniment précieux. Tout corps ! Paradoxalement le judaïsme est resté plus fidèle à cette valeur du corps, valorisant la sexualité, le plaisir, la joie de la rencontre alors qu’il est arrivé à l’église de dévaloriser le corps, de se méfier du plaisir, de prôner une spiritualité désincarné. Dieu vit que cela était bon !

C’était écrit nous dit l’évangile. Ah bon, où donc ? On ne trouve rien de tel d’une réalité aussi étrange. Mais ne serait ce pas tout le Livre qui est comme travaillé de l’intérieur par cette révélation en marche de la résurrection ? Ainsi dans la figure des persécutés des psaumes, dans celle du Serviteur du prophète Isaïe : celui qui porte le mal de la multitude franchit la limite de la mort. De livre en livre, on approche de la révélation plénière, jusqu’à ce que le Christ accomplisse les Écritures. Elle est là, la résurrection de la chair, cachée mais à l’œuvre quand Dieu dit à la femme que sa postérité écrasera la tête du serpent ; quand le peuple émerge vivant des eaux de la mer rouge, quand le peuple revient des fleuves de Babylone.

Les récits de la résurrection du Christ sont toujours suivis de l’envoi des disciples à toutes les nations. Telle est la présence physique, active dans le monde du Christ ressuscité. La Parole de Dieu s’est faite parole d’hommes. Serions-nous son corps ? Oui, nous le sommes. Le Christ est vivant dans le corps des disciples vivant l’évangile. Mais nous n’aurions rien à dire, sinon une éthique admirable, si le Christ n’était personnellement, corporellement ressuscité. Oui, c’est bien la puissance qui a arraché le Christ a la mort qui est maintenant à l’œuvre en nous. Oui, cela est impossible à prouver, presque impossible à croire. Et pourtant telle est notre foi qui nous fait vivre déjà en ressuscité. Heureux sommes-nous !