Solennité de la Pentecôte A
Fr Bernard Senelle op
Jn 20, 19-23
Au soir de la Résurrection, un cadeau nous est fait. Tout le monde aime les cadeaux surtout les enfants et celui qui nous est aujourd’hui donné est un trésor : c’est la paix avec la joie qui l’accompagne. Certains parlent de l’accomplissement de l’existence, Jésus parle de la paix. « La paix soit avec vous ! », dit-il à deux reprises aux disciples qui ont peur. Et soudain, la joie arrive comme l’eau d’un torrent. Elle coule avec force. La paix, c’est le pain pour la route ; la joie, c’est le vin qui réjouit le cœur de l’homme. Offrons-nous la paix pour vivre et la joie jaillira qui nous fera durer et goûter la beauté de la vie. Le temps de la résurrection s’achève et le temps de la mission pour prêcher la paix commence. Toute la maison est touchée par ce don et l’heure est à l’émerveillement, à la stupéfaction. Comment cela se fait-il ? Nous nous posons cette question et nous recevons la joie du pardon.
Mais tout de même quelle discrétion au cœur de ce bouleversement ! Pensons à la réponse faite à Paul : « Nous n’avons même pas entendu dire qu’il y a un Esprit Saint »1 C’est peut-être la réponse que l’on serait tenté de faire encore aujourd’hui. Malgré le tonnerre et les langues de feu du jour de la Pentecôte à Jérusalem, l’Esprit Saint peut-être ignoré, oublié. Activement présent, l’hôte très doux de nos âmes est toujours discret. Mais il assouplit ce qui est raide, il vient remplir l’âme des fidèles, il fait l’unité.
Et puis, « personne ne peut dire : Jésus est le Seigneur, sinon dans l’Esprit saint ». Petite phrase, mais qui contient l’affirmation centrale de notre foi. Sans l’Esprit Saint, nous ne pourrions pas dire « Jésus est vraiment ressuscité ». Depuis la Pentecôte, l’Esprit ne nous quitte plus, sous mille formes : Défenseur, Consolateur, Il prie, nous anime, conduit nos vies et l’ensemble de l’Église. La barque de Pierre avance peut-être à coup de gaffes, comme disait le Pape Jean XXIII, mais grâce à l’Esprit, elle avance.
Tout l’art consiste à devenir de plus en plus sensible à son action. Du silence est sans doute nécessaire au milieu du brouhaha de ce monde pour percevoir sa présence et tout simplement y croire. Il nous échappe, il souffle où il veut, Il n’est pas toujours là où nous l’imaginons, Il est libre. Parfois nous le paralysons car Il a des concurrents : nos préoccupations, notre conscience parfois apeurée, écrasée, culpabilisée peut-être. L’Esprit dissout doucement nos résistances. Il est irrésistible non par sa force mais par sa douceur, par son humilité. Il est doux et humble comme Jésus. Il s’efface à la moindre résistance de notre part mais nous récupère au premier faux pas. Il sait qu’il y a des risques à faire des faux-pas : c’est comme en montagne. Beaucoup d’esprits nous assaillent en tous sens et nous dispersent et depuis la Pentecôte l’onction de l’Esprit Saint nous guide et nous enseigne le chemin de la paix et du pardon.
Car enfin, si la joie jaillit, c’est le fruit de la réconciliation avec nous-même, avec les autres et avec Dieu. « A qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis. » En ce jour, nous recevons la force du pardon et de la réconciliation. Qu’est-ce qui nous trouble ? Ce qui atteint notre monde, le mal et le malheur nous concerne et parfois vient de nous. La guerre, l’injustice, la violence et les abus de toutes sortes. Au cœur de tout cela, l’Esprit est là et il agit pour nous faire contempler la beauté de la vie et la grandeur de l’humanité. Croire par la force de l’Esprit, c’est espérer et faire barrage au mal pour que la paix advienne et que nous puissions faire passer au monde ce message « La paix soit avec vous ». C’est notre cadeau pour que demeure la joie du Christ jusqu’à ce qu’il vienne. Amen.
1 Ac 19,2