28ème Dimanche du To A
Père Michel Mounier
Matt 22. 1-10
Cet évangile peut paraître bien rude, surtout le dernier paragraphe où l’un des convives se fait reconduire par le roi. Écoutons tout de suite cette lecture catastrophique qui a eu cours pendant des siècles dans les églises ou les premiers invités qui ne viennent pas seraient les hommes de la 1ère alliance, Israël, remplacé par l’Église. Cela a donné 20 siècles d’antisémitisme et il a fallu le Concile Vatican II et l’enseignement de tous les papes depuis pour rejeter cette lecture. En 2000, lors du grand jubilé, Jean-Paul II a demandé pardon pour cette ignominie. Ce combat est-il gagné ? Pas encore !
Oui, tout au long de l’histoire, les hommes ont souvent répondu à l’invitation par l’indifférence, le mépris, le rejet des prophètes. Mais toujours demeure l’invitation à entrer en alliance- invitation adressée au plus grand nombre. Il n’y a plus ni juif, ni grec, dit Paul. C’est une joie pour chacun de nous, un motif de reconnaissance : Qui donc est Dieu pour nous aimer ainsi ? Entrer dans cette alliance ne nous donne aucun privilège, et surtout pas celui de juger les autres.
Que signifie le fait que le roi condamne l’homme qui est entré sans les vêtements adéquats ? Je pense qu’il s’agit de manifester extérieurement ce que nous avons accueilli intérieurement dans la foi. Ce que vous avez fait au plus petit d’entre mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. Le vêtement des noces, ce sont les œuvres accomplies selon l’Évangile.
Heureux sommes-nous d’être invités au repas du Seigneur ! C’est ce que je nous dirais tout à l’heure. Cette invitation nous concerne particulièrement nous qui avons entendu l’invitation du Seigneur et qui sommes ici rassemblés. Oui, mais elle concerne aussi la foule innombrable qui ont revêtu le vêtement de fête, les artisans de justice et de paix, des bénévoles du resto du cœur aux artisans de l’économie sociale et solidaire. Ils sont innombrables, et chacune de nos eucharisties est comme l’anticipation, la prophétie du grand repas des noces. Les noces du fils bien aimé du Père, les noces du Christ et de l’humanité. La parabole de l’invité négligeant nous avertit contre une réponse qui ne serait pas totale de notre part. Il s’agit de revêtir notre cœur de tendresse, de bonté, d’humilité, de douceur, de patience. C’est notre réponse à l’invitation. Nous nous ajustons ainsi à la grandeur de celui qui nous a appelés à une nouvelle naissance. Vous l’avez remarqué, dans l’eucharistie, à de nombreuses reprises, nous demandons pardon au Seigneur. Nous reconnaissons ainsi que notre accueil du don de Dieu est bien imparfait. Nous ne serons jamais à la hauteur d’une telle invitation. La Bonne Nouvelle, c’est que Dieu nous accueille tels que nous sommes. Nous allons prendre le repas extraordinaire préparé par Dieu qui nous sauve.
Prendre part au repas du Seigneur, c’est prendre part aussi à son œuvre d’amour en ce monde, en communion avec nos frères en Église, avec nos frères en humanité. Heureux sommes-nous de participer en vérité au festin des noces de l’Agneau.