4ème Dimanche de Carême B
Jn 3. 14-21
L’histoire d’Israël est une histoire d’allées et retours, de rupture et de restauration, de péché et de conversion. Les versets du livre des Chroniques que nous lisons en ce quatrième dimanche de Carême, nous présente un petit résumé de cette histoire, à l’époque de l’exil à Babylone.
L’infidélité d’Israël était grande. L’alliance qu’ils avaient conclue avec Dieu, avait été oubliée. Israël avait abandonné son Seigneur et avait fabriqué d’autres dieux, moins exigeants et plus confortables. Ils ont ignoré appels à la fidélité des envoyés de Dieu, les prophètes.
C’est alors que survient la catastrophe : des armées étrangères ont envahi le peuple, détruit le Temple et la ville, et emmené les survivants comme esclaves à Babylone.
L’auteur de cette Chronique interprète tout cela comme une conséquence du péché : c’est le peuple lui-même qui, en se détournant de l’alliance avec Dieu, a précipité sa ruine à tous les niveaux.
Cela a dû être une expérience très amère. Il n’est donc pas étonnant que dans le psaume que nous lisons ce dimanche, nous trouvions des traces de cette épreuve : « Au bord des fleuves de Babylone nous étions assis et nous pleurions, nous souvenant de Sion » (Ps. (136 (137), 1-2).
Mais cette expérience d’exil a eu une valeur pédagogique : il montre comment l’histoire du peuple se déforme lorsqu’il perd le soutien de Dieu, lorsqu’il se retrouve « seul » face à ses ennemis, sans son allié fidèle et fort.
Dieu ne cesse jamais d’aimer son peuple. Il ne lui retire jamais son amour. Dans la même lecture des Chroniques, nous apprenons qu’après soixante ans d’exil, Dieu a touché le cœur du roi Cyrus qui a permis aux Israélites de retourner à Jérusalem pour reconstruire leur nation et leur Temple. Une fois de plus, Dieu surmontait, par son amour et son pardon, l’infidélité de son peuple, sa faiblesse et son péché.
L’histoire du peuple d’Israël ne nous est pas étrangère ; il se passe quelque chose de semblable pour l’humanité, pour l’Église, pour chacun d’entre nous. Notre histoire se déroule également dans la dynamique de l’exil et du retour, du péché et du pardon. Dans la nuit de la Veillée pascale, nous nous souvenons des moments décisifs de l’histoire d’Israël, précisément parce que nous nous reconnaissons nous aussi dans cette histoire.
L’amour et la miséricorde de Dieu surmontent toujours la fragilité humaine et la réalité du péché. C’est aussi ce que nous dit saint Paul : « Dieu est riche en miséricorde ; à cause du grand amour dont il nous a aimés, nous qui étions des morts par suite de nos fautes, il nous a donné la vie avec le Christ » (Ep 2, 4).
Pendant le Carême, nous sommes invités d’une manière particulière à faire confiance à cet amour et à cette miséricorde de Dieu et à nous réconcilier avec lui. Comme le peuple d’Israël, nous sommes invités à revenir de l’exil, du péché, et à renouveler dans notre vie l’alliance avec Dieu. Chacun d’entre nous sait ce qui doit être restauré dans sa vie pour retrouver l’harmonie perdue.
À cette fin, la liturgie de ce quatrième dimanche de Carême nous encourage à nous tourner vers la Croix du Christ. C’est dans la Croix du Christ, comme disait le pape Benoît XVI dans Deus Caritas Est, que nous pouvons contempler la grande vérité que Dieu est amour, et à partir de la Croix nous pouvons non seulement définir ce qu’est l’amour, mais aussi trouver l’orientation de notre vie.
De la croix vient la Lumière, qui est le Christ, et qui veut illuminer notre existence et les ombres de notre vie. Lors de la veillée pascale, nous allumerons la lumière du cierge pascal, qui est l’image du Christ, la lumière du monde.
Le Christ est la lumière du monde. Ne nous lassons pas de le contempler sur sa croix, et laissons-nous éclairer et guider par sa lumière.