4ème Dimanche de Pâques B
Fr Joseph-Loubens Fortin op
Jn 10, 11-18
Il était une fois un berger qui prenait soin d’un troupeau de brebis. Ce berger connaissait chacune de ses brebis par leur nom et elles le connaissaient aussi. Comme un bon père connaît ses enfants, ce berger savait tout de ses brebis – leurs besoins, leurs joies et leurs peines. Un jour, un loup s’approcha du troupeau pour attaquer les brebis. Mais le berger, voyant le danger, n’hésita pas à se mettre entre le loup et ses brebis. Il se battit courageusement pour les protéger, même s’il devait y laisser sa vie. Les brebis, voyant la bravoure de leur berger, lui faisaient entièrement confiance. Elles savaient qu’il les aimait profondément et qu’il était prêt à tout pour les sauver. Grâce à son sacrifice, elles purent rester en sécurité dans l’enclos. Frères et sœurs, cette histoire nous montre que Jésus est le Bon Pasteur dont parle l’Évangile.
Cette image nous révèle une vérité profonde : dans le Bon Pasteur, la connaissance et le don de soi ne font qu’un. Jésus se présente comme le Bon Pasteur qui donne sa vie pour ses brebis. Il connaît intimement ses brebis et elles le connaissent, tout comme le Père et le Fils se connaissent mutuellement. Il y a ici une réciprocité dans la connaissance.
Jésus déclare : “Je suis le bon pasteur. Le bon pasteur donne sa vie pour ses brebis” (Jn 10, 11). Cette affirmation révèle la profondeur de la relation qui unit le Pasteur à son troupeau. Comme un berger connaît intimement chacune de ses brebis, Jésus connaît personnellement chacun d’entre nous. Il connaît nos noms, nos besoins, nos joies et nos souffrances. Cette connaissance n’est pas une simple compréhension, mais elle vient d’un lien profond et d’une vraie communion.
Jésus emploie une pédagogie de l’image pour nous enseigner une vérité qui existe au sein même de cette image. Mais tout n’est pas dans l’image, c’est pourquoi il faut l’interpréter pour en saisir le sens le plus profond. En effet, l’image du Bon Berger nous parle de la sollicitude, de la protection et du soin que Jésus a pour nous. Mais au-delà de cette image, Jésus nous révèle sa véritable identité divine et sa mission de Sauveur. Il dit : “Moi, je suis le Bon Berger” (v.11), affirmant ainsi sa divinité. Et il ajoute : “Je donne ma vie pour mes brebis” (v.15), nous montrant que son amour pour nous le conduit jusqu’au don suprême de sa vie sur la croix.
Jésus se présente à la fois comme le Berger et la porte des brebis. Être berger, c’est donner sa vie pour ses brebis. C’est ce que le Christ nous montre sur la croix. Il se donne à nous. Il n’est pas seulement le bon Berger, Il est le Berger par excellence qui nous connaît au plus profond de nous-mêmes. Car, Il donne sa vie non seulement pour les brebis qui sont dans l’enclos, mais aussi pour celles qui ne sont pas encore dans l’enclos. « Je suis la porte », déclare Jésus. Pour entrer dans l’enclos, il faut nécessairement passer par la porte. Cela nous rappelle une autre parole de Jésus : “Sans moi, vous ne pouvez rien faire.”
Bien sûr, nous réussissons des choses dans nos vies. Mais lorsque Jésus dit : “Sans moi, vous ne pouvez rien faire”, il veut dire que même si nous possédons toutes les richesses du monde, nous ne serons jamais vraiment heureux si nous manquons ce qui est essentiel, c’est-à-dire sa présence, son amour et sa grâce. C’est Jésus qui peut nous donner le vrai bonheur, car il nous connaît. Mais cette connaissance intime s’accompagne d’un don total de soi. Jésus n’hésite pas à aller jusqu’au bout de son amour, jusqu’à donner sa vie sur la croix pour sauver toute l’humanité. Ce don de soi n’est pas un acte de faiblesse, mais bien la manifestation suprême de sa force d’amour. Comme dira Jésus plus loin : “Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis” (Jn 15, 13).
Puisque Jésus est notre Berger, chacun de nous peut dire avec confiance : « Le Seigneur est mon Berger, je ne manque de rien ». « Oui, le bonheur et la grâce m’accompagneront tous les jours de ma vie, et j’habiterai dans la maison de Dieu jusqu’à la fin de mes jours. » (Ps 23, 1. 6). Amen