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16ème Dimanche du To B

Fr Maxime Allard op

Mc 6, 30-34

Quel va et vient ! On circule beaucoup dans la Parole de Dieu que nous venons d’écouter. On se déplace encore plus allègrement dans la péricope évangélique proclamée ce dimanche. On va au loin. On vient de loin. On s’approche et on s’éloigne… Les routes semblent bien praticables. Les obstacles et postes frontière inexistants. Et Dieu vit que cela était bon !

Les apôtres reviennent de mission. Ayant été envoyés par Jésus, ils sont allés de village en village proclamer l’Évangile de Dieu, annoncer la conversion, guérir, préparer la venue de Jésus. Ils rentrent au bercail, au QG. Ils sont certes excités mais, semble-t-il, aussi – surtout – épuisés. Les pauvres. La vie de missionnaire de l’Évangile n’est pas de tout repos!

Pendant qu’eux se déplaçaient, au QG, à la maison de Capharnaüm, Jésus recevait des gens. Les arrivants et les partants se succédaient sans relâche. On peut imaginer une journée de Jésus : temps de prière tôt le matin, accueil, évangélisation, écoute et accompagnement, guérisons et autres miracles suivi d’encore et encore un autre temps d’accueil, d’évangélisation, d’écoute, d’accompagnement, de guérison, d’exorcisme et autres miracles. Sans lui laisser même le temps de manger. On espère qu’il avait tout de même quelques heures de sommeil !!!

Jésus doit soutenir ce rythme, parce que les gens se déplacent pour aller à sa rencontre. De loin comme de proche. Certains viennent par ouï-dire, certains autres parce que Jésus était déjà passé par leur village et leur vie, certains autres, probablement aussi, venaient dans le sillage de la proclamation missionnaire des apôtres. Ils sont attirés, aimantés. Attirés par Jésus, par sa Parole qui redonne vie et espérance. Attirés à Jésus parce que ses gestes redressent les courbés, font marcher les infirmes, chassent les démons. Ces gens croient, espèrent, désirent que quelque chose du Royaume de Dieu proclamé par le Baptiste, par Jésus et ses disciples se réalise déjà, là, au QG de Capharnaüm, pour eux, pour les leurs qu’ils ont emmenés à Jésus. Il ne s’agit pas de rester près de lui, de s’installer et de demeurer avec lui. Il s’agit simplement, seulement, d’un contact, d’une brève rencontre, écoute… La foi fait le reste!

Tout semble aller pour le mieux dans cette organisation de la mission. Le rêve, diraient certains pasteurs aujourd’hui : le plan pastoral porte du fruit !!! Mais est-ce pour le mieux ? Les disciples, exténués, ne tiendront pas le coup si on ne leur offre pas un temps de repos. Jésus, bon prince, le leur suggère. Cela semble raisonnable et nous approuvons – surtout en ce temps de vacances estivales ! Et, ensembles, Jésus et les apôtres se déplacent. Ils quittent les foules, les arrivées et départs incessants. Ils cherchent ailleurs autour du Lac, un endroit désert. Ils semblent avoir une idée, une direction et s’embarquent. Cependant les gens voyant cela n’entendent pas être ainsi privés du Royaume de Dieu : leur attrait pour Jésus, sa parole et ses gestes, les remet en mouvement. Ils poursuivent Jésus. Mieux, ils déjouent ses plans. Ils le devancent lui et ses disciples. Le lieu que les disciples espéraient désert et reposant est peuplé, surpeuplé de gens en attente, de personnes qui espèrent et désirent. Ce lieu est rempli de personnes fatiguées, en attente aussi d’un vrai repos, d’un repos que seul un envoyé de Dieu peut donner. Alors, devant ce désir, Jésus est ému, de la miséricorde même de Dieu. Il les nourrit longuement de la Parole, de sa présence… et de pain mais cela est pour un autre dimanche, pour dimanche prochain…

La Parole de Dieu, les gestes évangéliques vivifiants font-ils encore tant et tellement bouger ? Pour nous faire bouger ? Vous font-ils vous déplacer pour les répercuter, les offrir en partage à d’autres ? Vous êtes venus à Chalais ce matin ; vous vous êtes déplacés pour entendre la Parole, pour recevoir le Pain et la Coupe, pour rendre grâce à Dieu ! Déjà, si nous nous sommes rassemblés à Chalais, j’y vois un signe de l’attrait pour la Parole et le Pain. Je ne crois pas me tromper. L’espérance d’une parole qui redonne vie, qui ouvre déjà à une vie éternelle, qui se vit avec et pour d’autres : cela peut nous ébranler, nous émouvoir, nous mettre en mouvement. Ces attraits, cette espérance sont-ils suffisants pour que nous acceptions d’être envoyés en mission pour les répercuter ? Pour aussi les rendre désirables à autrui ? Pour générer chez eux une espérance?

Car désormais, la mission nous est confiée. Elle ne couvre plus seulement quelques villages perdus en Galilée ou quelques brebis perdues de la maison d’Israël. Elle couvre le monde, jusque dans ses extrémités les plus reculés et les plus proches ! Car parfois, il faut l’avouer, nous sommes loin de qui est proche de nous et près de qui est fort éloigné! En Jésus Christ, mort et ressuscité, les cloisons étanches – voulues comme telles pour calmer nos peurs – les murs entre les mondes, les groupes, les ethnies, les peuples, les langues, les cultures, les religions, ces cloisons sont détruites, abattues… malgré les efforts déployés par certains pour en ériger de nouvelles… En Jésus Christ, mort et ressuscité, le Père signale que son dessein s’adresse à tous et à toutes, que les « haines », les incompréhensions, les intolérances, les peurs n’ont pas – n’auront pas – le dernier mot. Le dernier mot lui appartient et il l’a dit en son Fils : réconciliation dans l’amour de charité pour une vraie paix, pour rassembler en un seul Corps, celui de son Fils, l’humanité dispersée, écartelée. C’est ce que nous célébrons et ce pourquoi nous rendons grâce ensemble aujourd’hui!