30ème Dimanche du To B
Fr Marc Bellion op
Mc 10, 46b-52
Je vais profiter du texte de Bartimée pour parler de comment approcher Jésus. Bartimée l’a fait et cela valait la peine. Chacun d’entre nous est aussi appelé à s’approcher de Jésus durant toute sa vie. Pour Bartimée ce n’était pas immédiat, il a rencontré quelques obstacles, et, nous y reviendront, ces obstacles venaient même d’autres croyants, qui étaient dans la foule. Je vais, pour les besoins de la cause, coupler les différents moments de la rencontre aux vertus de foi, espérance et charité et voir comment faire avant, pendant et après la rencontre avec Jésus. Nous avons d’ailleurs demandé à d’augmenter en nous ces vertus dans la prière d’ouverture.
Pour commencer, j’associe l’espérance à l’avant de la rencontre. On sait pourquoi on veut voir Jésus, ce que l’on sur le cœur. Ce n’est pas une garantie qu’on va obtenir exactement ce qu’on espère. Mais ce n’est pas une loterie non plus, on ne perd pas sa mise, ni son temps, chaque rencontre avec Jésus portera ses fruits. Bartimée avait l’espérance de retrouver la vue, une chose tout à fait légitime, il semble qu’il était dans une situation de misère depuis longtemps, puisqu’il était obligé de mendier. Éduquer, voire parfois canaliser, son espérance fait partie du développement spirituel personnel et cela non pas pour la réduire constamment, mais plutôt pour l’orienter vers des choses essentielles, donc aussi la purifier.
Le moment de la rencontre lui-même est marqué par la foi, on est en présence de celui dont nous confessons qu’il est à la fois homme et Dieu, le grand-prêtre et en même temps notre frère. Si Bartimée n’avait pas fait preuve de foi, possiblement rien ne se serait passé. Jésus lui dit clairement : « va, ta foi t’a sauvé ». La foi peut sauver. Combien de récits ai-je pu entendre de gens qui étaient sur la mauvaise pente, embourbés dans des consommations et addictions excessives et qui du jour au lendemain ont changé de vie parce qu’ils ont rencontré le Christ. Pourquoi ne pas parler dans ce cas de miracle ? Et ce n’est pas si loin de ce que Bartimée a vécu.
Puis, une fois le rencontre terminée, il faut repartir et si possible dans un élan de charité. Bartimée a décidé de changer de vie, il suit désormais Jésus avec le groupe des disciples qui l’entourent. « Ne rentrez pas chez vous comme avant » est le titre d’un chant liturgique de 1996, on ne va pas épiloguer sur le vieillissement heureux ou non des chants liturgique, toujours est-il que cette phrase me semble pertinente. Si j’ai pu m’approcher du Christ dans ma journée, je ne peux pas en sortir comme si de rien n’était. Et en plus de la joie intérieure, il est bien qu’il puisse y avoir aussi un marqueur extérieur, si possible une plus grande charité. Ma façon de communiquer au monde que j’ai eu la chance de rencontrer le messie est que je sois plus charitable avec ceux qui m’entourent. Ce sera plus convaincant que beaucoup de paroles, j’ai dit convaincant, pas facile !
Il me faut dire encore un mot sur les obstacles. Il y a évidemment des obstacles internes qui font que nous ratons notre rencontre avec le Christ, ils s’appellent péchés. La définition du péché est ce qui nous coupe de Dieu. On est appelé à y travailler, dès qu’il y a une petite brèche, un début de réconciliation, il est à nouveau possible de s’approcher de Dieu. Malheureusement, parfois c’est le péché des autres qui nous bloque l’accès à Dieu, nous avons l’exemple dans le texte avec les gens de la foule. Peu importe s’ils croient bien faire ou non, ils veulent empêcher Bartimée de s’approcher de Jésus. Le remède peut surprendre mais c’est celui qui a fonctionné dans l’évangile, il faut crier plus fort. Autrement dit, quand la stupidité, voire la méchanceté, de quelques autres m’empêche de m’approcher du Christ, je ne dois pas baisser les bras, je peux faire comprendre que j’ai des droits en tant que chrétien, par exemple recevoir des sacrements, prier dans une église, etc.
Finalement vous allez me dire « frère, nous ne pourrons pas approcher Jésus comme Bartimée l’a fait quand Jésus incarné allait et venait parmi ses contemporains ». Cela n’empêche pas qu’il y ait une multitude d’endroits dans lesquels ce que je viens de dire s’applique. Je cite comme exemple, bien sûr en premier lieu, la messe avec la célébration eucharistique. Mais cela vaut aussi pour un temps de prière que l’on voudrait prendre chez soi, surtout si c’est un temps de prière où l’on va intercéder pour d’autres, il y a les moments d’espérance, foi et charité. Ou encore un moment de lectio divina peut être marqué par ces 3 moments.
Mais, il n’y a pas de moment particulier dans l’année pour faire une telle rencontre, bien-sûr si nous étions déjà au début de l’avent, je vous dirais profiter de l’avent pour mettre cela en pratique. Mais ça marche avec tous les autres temps liturgiques, croyez moi. C’est plutôt qu’il faut trouver des moments dans son quotidien pour une telle rencontre. N’hésitez pas à vous en donner les moyens, cela vaut la peine.