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23ème Dimanche du To B

Fr Jean Michel Maldamé op

Mc 7. 31-37

C’est chose banale de comparer les malheurs qui arrivent. Souvent quand on compare mal qui accable un aveugle avec un sourd-muet, on conclut que les sourds-muets sont bien plus affligés que les aveugles. En effet, les relations humaines sont plus gravement atteintes quand l’écoute et la parole sont perturbées. Ce jugement familier ne suffit pas si nous voulons comprendre l’importance de l’événement rapporté par l’évangile de Marc. Tous les détails du récit de Marc sont significatifs, tant la situation que l’action de Jésus.

L’action Jésus d’abord. Une parole n’a pas suffi. Une main posée non plus. Jésus a posé des actes par le contact de ses doigts avec la salive de sa bouche. Jésus lève les yeux au ciel. Il soupire ! Soupirer, n’est-ce pas l’expression d’une émotion face à l’impossible, au-delà du dit, mais aussi parole de délicatesse dans l’expression d’un grand désir ?

Cette guérison est soigneusement mise en situation dans le récit de Marc. Jésus avait quitté son pays pour aller prêcher sur la côte, dans un port alors ouvert sur le monde entier ; porte vers l’empire qui englobait tout l’Occident dont nous sommes. Jésus revient en passant par une terre étrangère, territoire du nord ouvert sur les empires d’Orient. C’est au cœur du monde que Jésus rencontre cet homme dans la détresse. Ainsi mise en situation, la guérison de cet homme prend une dimension universelle. L’anonyme guéri par Jésus représente chacun de nous, membre de l’humanité que Jésus vient sauver. L’anonyme guéri par Jésus est un autre Adam, entendons : l’être humain tel que Dieu le veut dès l’origine : une personne qui voit, qui écoute et qui parle. Un être hélas enfermé dans le malheur faute de pouvoir entendre et de parler. Entendre et parler : être pleinement humain ! Par la sobriété du récit, le récit de la guérison est une figure universelle. Elle nous concerne. Entendons ce que Jésus dit à propos de cet homme : « Ouvre-toi ! » Que se brise tout enfermement. Trois murs à abattre, l’indifférence, la suffisance et le mépris. L’indifférence d’abord, parce qu’on est enfermé dans le souci de soi, dans la seule prise en compte de ses besoins, de ses intérêts ou de ses désirs. La suffisance ensuite ! Avoir conscience de ses compétences, de ses droits et des réalisations. Tout est bien fait, mais l’appropriation exclusive est un enfermement. Le mépris enfin qui est arrogance et même volonté d’exclure autrui. Telles sont les trois barrières contre lesquelles Jésus s’est engagé et qui est indiqué par la mention des lieux où Jésus agit. C’est cette œuvre qu’il nous confie. Quoi de plus actuel que l’évangile pour nos vies personnelles mais aussi pour notre monde qui se déchire  faute d’écoute et de parole échangée dans la vérité ?