32ème Dimanche du To B
Père Michel Mounier
Mc 12, 41-44
Il y a au moins deux sortes d’hommes et de femmes. Ceux qui font semblant et ceux qui agissent en vérité. D’une certaine façon ils font semblant les grands prêtres qui ont l’air d’offrir quelque chose mais en réalité, comme nous l’a dit l’épître aux Hébreux, offrent un sang qui n’est pas le leur. Ou ces scribes qui affectent de prier longuement. De même ces gens riches, hier et aujourd’hui, qui donnent sans entamer leur richesse.
– La veuve de l’Évangile, elle ne fait pas semblant. C’est sa vie qu’elle donne puisqu’elle donne « tout ce qu’elle avait pour vivre ». En cela, elle est figure du Christ qui s’offre lui-même, qui offre aux hommes son propre sang.
– Déjà, sur la parole du prophète Élie, la veuve de Sarepta accomplit, dans la foi, la même démarche.
Vraiment quelles belles figures que ces deux femmes. Pourtant ne faisons pas de ces récits des leçons de morale, il s’agit dans ces récits, déjà, de paraboles pascales. C’est l’annonce du salut par le don de la vie.
– Comme le buisson de l’Horeb donne lumière et chaleur sans se consumer, l’huile et la farine se sauvent en se donnant.
L’amour dont la substance est le don se nourrit de se répandre. L’Évangile ne dit pas ce qui advient de la femme qui a donné tout ce qu’elle avait pour vivre, mais ce récit est enchâssé dans un ensemble qui ne parle que de la Pâque, donc de la résurrection. En ce sens la résurrection du Christ est intérieure à sa passion. Elle ne vient pas se surajouter à la mort, elle l’habite, elle en est sa face de gloire car seul ce qui est donné est sauvé. Jésus n’avait pas d’autre moyen de sauver sa vie que de la donner, de nous en faire l’offrande.
Aussi, sous les apparences de la folie, la veuve de l’Évangile fait preuve de la plus grande sagesse. Paradoxe certes, mais n’en faisons nous pas parfois l’expérience dans l’ordinaire de notre vie…
Ce récit d’Évangile, comme d’autres, comme tous les autres, nous invite à prendre conscience de la personnalité de Jésus. À force de subtilité, nous avons parfois compliqué son personnage, et donc la vie chrétienne. Or Jésus est extraordinairement simple, à raz des pâquerettes. Il ouvre les yeux et voit ce qu’il y a derrière les attitudes et les comportements. Il fait œuvre de vérité, il dévoile et révèle. Il voit et il dit. Sa présence fait tomber les masques. À chacune et chacun, ensuite, de prendre ses responsabilités. Et cela en faveur des hommes. Car il n’y a nulle concurrence entre Dieu et les hommes.
Cela est simple, mais exigeant car il nous faut discerner en nous le vrai du faux, et ne pas nous nourrir d’illusions. Ceci non pour nous culpabiliser, nous condamner, mais pour que nous soyons sauvés. Et que nous vivions, déjà, ici et maintenant, en sauvés.