Méditation d'une sœur de Chalais 2024-2025 C
Au commencement.
Lc 1,1-4 et 4,14-21.
En ce 3° dimanche de l’année, nous commençons la lecture continue de l’Évangile selon St Luc.
Luc, n’a pas connu Jésus, aussi s’est-il informé avec soin de tous les événements qui le concerne, selon ce que lui ont transmis les témoins oculaires et les serviteurs de la Parole.
Pour ce commencement, Luc plante Jésus à la synagogue de Nazareth, le lieu où Il a grandi, et là, au milieu des siens, Jésus ouvre le Livre, trouve la prophétie d’Isaïe et annonce sans autre explication : « Aujourd’hui, cette parole de l’Écriture s’accomplit »
Fin de l’homélie…..
Il est facile d’imaginer le saisissement des villageois, et leur irritation probable : qui est-il donc celui-là, pour s’approprier ainsi le texte d’Isaïe ?
Mais le message de cette homélie si brève est essentiel et nous concerne tous.
Jésus est l’objet même de ce qu’il lit : en Lui, le Royaume de Dieu se fait proche, et la Bonne Nouvelle des Écritures s’accomplit : les prisonniers sont libérés, les aveugles voient, et les boiteux marchent. Tout au long de son ministère, ces événements commenceront à se produire grâce la foi.
C’est par les Écritures que nous pouvons accueillir Jésus, Parole de Dieu faite chair, venue pour le salut du monde. Ainsi nous pourrons devenir des serviteurs de la Parole, des Théophile, des amis de Dieu, témoins de la bonté du Père, et de son amour pour tous.
Oui, cette inauguration à Nazareth est un vrai commencement, une année nouvelle de la grâce du Seigneur, le jubilé 2025 : c’est aujourd’hui !
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Un signe visible dans la foi !
2ème dimanche du temps ordinaire – Année C
Jn 2, 1-11
« Tel fut le commencement des signes que Jésus accomplit. C’était à Cana de Galilée. »
Quel est ce signe ? C’est environ 600 litres d’eau changés en vin lors d’une noce. Remarquons-le, ce signe est à la fois abondant et caché pour la plupart des convives. Saint Jean précise bien que le maître du repas « ne savait pas d’où venait ce vin, mais ceux qui servaient le savaient bien, eux qui avaient puisé l’eau. » Déjà, ce sont les « petits », « les serviteurs » qui savent. Et quand ces petits choisissent de suivre Jésus, de croire en lui à cause des signes qu’ils ont vus, ils deviennent disciples.
Marie, elle, a une place bien particulière dans cette noce. C’est elle qui intercède auprès de son fils avec tant de délicatesse : « ils n’ont plus de vin », tout en invitant à la confiance les serviteurs : « Tout ce qu’il vous dira, faîtes-le ». Marie est déjà présentée ici comme la mère et le modèle des croyants.
Nous aussi, sachons regarder nos vies, la vie du monde, avec les yeux de la Foi. Nous y découvrirons des signes, aussi infimes soient-ils, où le Fils manifeste sa gloire, c’est-à-dire son œuvre de salut.
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Solennité de l’Épiphanie – 5 janvier 2024
Mt 2, 1-12
Venez, adorons le Seigneur !
Nous entrons ce soir dans la célébration de la solennité de l’Épiphanie, qui était autrefois une très grande fête dans l’Ordre des Prêcheurs.
A Rome, écrit le P. Cormier, elle était présidée par le Procureur général, promoteur des missions de l’Ordre. Dans les Annales de l’Ordre, il est dit que « saint Dominique avait, pour les Rois Mages, une particulière dévotion et conseillait de s’unir à eux chaque jour aux Matines en chantant Venite adoremus et procidamus ante Deum ».
Le récit de l’Épiphanie, dans l’évangile selon saint Matthieu, tient lieu d’annonce de la Nativité. C’est le Noël des Orthodoxes, d’ailleurs. La naissance, il n’en retient que le lieu et la date, en une phrase : « Jésus était né à Bethléem en Judée, au temps d’Hérode le Grand ». Bethléem, pour le Fils de David. Hérode, pour le contexte historique. Le contexte ? La folie meurtrière d’Hérode est bien documentée.
Qu’est-ce qui brille vraiment à Noël ? En dehors de l’étoile, je ne vois que le trésor fabuleux des mages : l’or, la myrrhe, l’encens, qui sont la manifestation d’une royauté à venir différente, lourde de sens, précieuse comme un secret divin. D’Iran, du Pakistan, du Chili, de Suède, de France, de Suisse, ou d’autres continents, inclinons-nous et chantons « Venez, adorons le Seigneur ».
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Dimanche de la Sainte Famille 2024
Lc 2, 41-52
Évoquer la « Sainte Famille », peut prêter à sourire. Famille et sainte, ces deux mots se conjuguent-ils ? Ils semblent bien mal ajustés pour tant de personnes souffrant d’une situation « cabossée », parfois invivable.
A dire vrai, la famille de Jésus n’est pas la famille rêvée. Elle se situe même tout à fait au-delà des normes. Voyez plutôt : Cet enfant semblable à tous les bébés du monde est né d’une mère vierge et d’un père inconnu dont Joseph tient magnifiquement la place. A douze ans, il fuira la compagnie de ses parents pour rendre visite à celui qu’il appelle son Père. Les faits sont là, comment les comprendre ?
Taisons-nous et veillons face au secret d’une communion insaisissable.
Jésus, trésor caché aux yeux de ses propres parents, Marie, taiseuse et priante, Joseph, gardien silencieux d’un amour improbable, Sainte Famille.
Que leur mystère soit miracle dans toutes les situations de nos vies.
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24 déc 2024 Sermon de Noël aux 1ères vêpres
Tout part de l’amour, et par amour, retourne à l’amour.
Le mystère de l’Incarnation est le mystère de l’amour.
L’amour en est la source. L’amour en est le terme.
L’incarnation: une oeuvre vertigineuse, grandiose, magnifique, que nous n’aurons jamais fini de contempler.
St Jean Chrysostome, au IVe s, s’exprimait de la façon suivante au cours d’une homélie un jour de Noël :
« Moi aussi je proclamerai la grandeur de ce jour: l’immatériel s’incarne, le Verbe se fait chair, l’invisible se fait voir, l’impalpable peut être touché, l’intemporel entre dans le temps, le Fils de Dieu devient le Fils de l’homme, c’est Jésus, Christ, toujours le même, hier, aujourd’hui, et dans les siècles. »
St Jean Chrysostome proclame la grandeur de ce jour. Et cette grandeur, c’est l’irruption dans notre monde d’une nouveauté surprenante, une nouveauté qui dépasse toute nouveauté, une nouveauté absolue.
Car, en effet, les prophéties sont en train de s’accomplir.
Désormais rien ne sera jamais plus comme avant.
“Dieu a déchiré les cieux et il est descendu”. (Is 64,1)
“La Parole s’est élancée de son trône royal”. (Sg 18,15)
“La Vierge a enfanté un Fils, l’Emmanuel, Dieu avec nous”. (Is 7)
“Les bergers ont contemplé l’Enfant et la lumière a resplendi sur leurs visages”. (Lc 2,9)
“La lumière a resplendit sur le peuple qui marchait dans les ténèbres”. (Is 9)
La lumière et la joie, au Ciel et au fond des coeurs.
“Dieu nous a parlé par son Fils, resplendissement de sa gloire”. (He 1)
Dieu nous a parlé et cette Parole ne passera pas. Elle est éternelle, comme l’amour est éternel. Car oui, cette Parole nous est venue d’un débordement d’amour.
“Dieu a tant aimé le monde qu’il nous as donné son Fils unique”. (Jn 3,16)
St Jean, au commencement de son évangile, embrasse dans une immense vision, à partir de l’éternité, toute l’histoire de la Révélation.
Au commencement était le Verbe, le Logos, et le Verbe était auprès de Dieu, ou plus exactement tourné vers Dieu, et le Verbe était Dieu. Il était au commencement, tourné vers Dieu.
Jean nous présente le Verbe dans son pur élan vers Dieu : Le Fils unique de Dieu, tourné vers le sein du Père, au commencement, tout au long de sa vie parmi les hommes, et jusqu’à la fin des temps. Et c’est encore tourné vers le sein du Père qu’il nous prendra avec lui lorsqu’il retournera au Père au jour où les temps seront accomplis.
Oui tout part de l’amour, et par amour, retourne à l’amour.
Mais finalement, qu’est-ce que ça change dans nos vies que Dieu se soit incarné ?
Ce que ça change, c’est que se dessine un Visage. Un Visage d’homme. De l’homme Jésus. Un Visage d’une ineffable douceur. Un Visage d’une infinie tendresse. Le visage d’un frère, d’un ami. Le Visage de l’Ami par excellence, toujours fidèle à nos côtés.
Oui cela change tout. Dorénavant, nous ne serons jamais plus abandonnés à notre solitude.
Comme le disait St Jean Chrysostome : il s’est fait palpable, visible. Il est là.
« Notre coeur n’était-il pas tout brûlant, en sa présence ?» se disaient entre eux les disciples.
Oui voilà ce que ça change.
Nos coeurs brûlent en sa présence, ils brûlent d’une joie immense, profonde, et d’un amour à la fois doux et fort, qu’il est venu nous révéler, un amour auquel il nous appelle.
Car « telle est la mission du Verbe de Dieu, disait très joliment St Irénée (3e s) : Dieu a fait sa demeure chez l’homme et s’est fait fils d’homme pour accoutumer l’homme à saisir Dieu et pour accoutumer Dieu à habiter dans l’homme. »
Comme si, par ce grand mystère de l’Incarnation, Dieu et l’homme entraient ensemble dans un mouvement d’accoutumance mutuelle.
Une sorte de compagnonnage qui s’épanouit dans une amitié, une communion, de plus en plus intime, et qui, en même temps, s’élargit aux dimensions du monde.
Parce que saisir Dieu, pour reprendre l’expression de St Irénée, c’est devenir fils et fille d’un même Père. Et frères et soeurs de ce Visage bien-aimé, le Christ, lui qui habite au fond du coeur de tout homme, de toute femme.
La mission du Verbe de Dieu, c’est encore de manifester la véritable vocation humaine selon la pensée de Dieu. La vocation à l’amour.
L’homme Jésus nous a montré le chemin. Lui, a réalisé de manière parfaite et absolue cette vocation à l’amour que Dieu a déposée dans le coeur de chacun de ses enfants.
Voilà là encore, ce que l’Incarnation change pour nous.
Il s’agit dorénavant d’entrer concrètement dans cette vocation humaine, qui est très belle, et aussi très exigeante : Devenir le Christ!
Devenir ce beau Visage, lumineux et doux, pour tous ceux et celles que Dieu met sur notre route.
Vivre la joie du pardon avec tous. Toujours en encore. Recommencer.
Annoncer l’évangile de la Paix dans nos familles, au travail, dans le voisinage.
Offrir une présence bienveillante, un soutien, à ceux et celles qui sont dans l’épreuve. Donner de notre temps dans une association d’entr’aide…
Proposer du soutien scolaire, visiter des personnes isolées ou en fin de vie, accompagner des réfugiés… Les propositions ne manquent pas. Ni les besoins.
Et finalement, sans jamais cesser de contempler son Visage, nous laisser emporter par lui, le Verbe de Dieu fait chair, jusque dans le sein du Père.
Pour finir, je redonnerai la parole à St Jean Chrysostome :
« Il fallait que l’homme soit vivifié par l’humanité de Dieu. Il fallait que Dieu nous rappelle vers lui par son Fils. Il nous a fallu que Dieu s’incarne et meure pour que nous puissions revivre. Que le reste soit vénéré par le silence. »
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4ème Dimanche de l’Avent A
Lc 1, 39-45
Y’a d’la joie ! Oui, Y’a d’la joie !
Car dans le sein de Marie qui vient à Elisabeth, Dieu est là. Dieu caché mais Dieu bien présent au milieu de son peuple.
C’est que St Luc, dans son Évangile, a bien saisi que nous sommes destinés à partager la joie de Dieu. Voilà la Bonne Nouvelle, la Promesse qui nous est faite encore ce dimanche.
L’Esprit Saint à l’oeuvre dans le tout-petit Jean-Baptiste fait exploser cette joie à l’approche du cet autre tout-petit Messie. Et cette joie se répand, se communique comme une onde de choc positive.
On retrouvera cette explosion de joie à la Pentecôte après la Passion et la Résurrection du Christ.
Cette joie, qui nous est annoncée, est comme l’étoile des rois mages, elle doit nous guider au plus profond alors que nous avons à traverser les nuits de l’existence : le poids de nos péchés, les incompréhensions, les persécutions peut-être, les souffrances, l’apparent silence de Dieu.
Mais il est bien avec nous, nous montrant le chemin du Royaume et nous encourageant en Église à tenir bon et à rendre grâce au jour le jour. pour tous ses bienfaits.
Alors oui, déjà Y’a d’la joie ! Et c’est la joie de la foi !
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« Réjouissez-vous ! »
Lc 3. 10-18 – 3° Dimanche de l’Avent C
Tel est le mot d’ordre de ce dimanche, proclamé par le prophète Sophonie.
Il vient avec élan, poussé comme un cri de victoire qui donne même son nom au dimanche : Gaudete ! Comment comprendre ce cri aujourd’hui et surtout comment le vivre ? La joie peut-elle être de commande ? Est-elle possible quand la terre des hommes semble malade, pétrie de guerres et de conflits multiples et meurtriers ?
Acceptons simplement la contradiction apparente des textes lus ce dimanche. Car l’évangile nous montre Jean-Baptiste enseignant les foules qui l’ont rejoint. « Que devons-nous faire ? » demandent-elles. Simplement, modestement, le travail quotidien dans l’honnêteté et le respect de ce qui est demandé. Mais par son attitude, Jean annonce et répète qu’il n’est pas le Christ. Non, il n’est pas le Sauveur du monde ; Il baptise dans l’eau, mais il est en retrait derrière Celui qui est plus grand que lui, et qui le dépasse infiniment. Le Christ, lui baptisera dans l’Esprit Saint et le feu. Jean est seulement son précurseur.
Peut-être est-ce cette vérité, et cette humilité de Jean qui sont le secret de sa joie, et cette joie nul ne pourra la lui ravir.
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Le Seigneur vient aujourd’hui demeurer dans nos cœurs !
8 décembre 2024 : 2ème dimanche de l’Avent – Année C
Lc 3, 1-6
Dans l’évangile de ce dimanche, Luc inscrit résolument la prédication de Jean-Baptiste dans l’histoire humaine : « L’an quinze du règne de l’empereur Tibère, Ponce Pilate étant gouverneur de la Judée, Hérode étant alors au pouvoir en Galilée… » Oh certes, c’est de l’histoire ancienne, c’était il y a près de 2 000 ans. Mais croire en un Dieu qui a choisi de vivre à une période et en un lieu donnés, c’est croire en un Dieu qui veut nous rejoindre, aujourd’hui, au cœur de nos nuits humaines.
Tous les prophètes avaient annoncé le messie qui viendrait sauver son peuple. Avec Jean-Baptiste, cette venue est imminente ; il va même pouvoir désigner Jésus à ses disciples : « Voici l’agneau de Dieu qui enlève les péchés du monde. »
Oui, il y a urgence à nous préparer à accueillir le Seigneur. Mais ne pensons pas que sa venue dépende de nos efforts, c’est Lui qui vient à nous. En envoyant son Fils parmi nous, le Père se révèle à tous les hommes et leur offre son pardon. Le Fils est l’unique chemin qui nous conduit au Père.
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Plus forte que la mort, l’espérance !
1er décembre 2024 : 1er dimanche de l’Avent – année C – Lc 21, 25-28.34-36
C’est le propre de l’homme de se raconter des histoires, parfois même à se glacer le sang : la meilleure manière d’exorciser la peur, dit-on.
Ce qu’annoncent les évangiles dans leur langage apocalyptique n’est pas de cet ordre. Ainsi, en ce premier dimanche de l’Avent, on lit en saint Luc comme dans les autres synoptiques : « Il y aura des signes dans le soleil, la lune et les étoiles… Les hommes mourront de peur dans l’attente de ce qui doit arriver au monde, etc. »
Ne nous y trompons pas, le pire est déjà arrivé, ici ou là, selon les époques : c’est ce qui inspire ces textes prophétiques, en miroir. Car la terreur, le droit du plus fort, la cruauté de l’histoire se marquent dans la chair de l’individu, toujours. Ainsi du sac de Jérusalem par l’armée romaine en 70 après-Jésus-Christ.
Pourtant cet évangile est celui d’une victoire qui s’annonce. Plus fort que la mort bourgeonne l’espérance, dit Jésus. Et même si l’image du figuier a été coupée, c’est elle qui nous donne la clef du message. Il faut croire que le Seigneur accomplira toute justice, aussi vrai que les branches de figuier, douces et tendres au printemps comme du bois d’andouiller, sont promesse de la sève et du fruit.