7ème Dimanche du TP - A
Fr Benoît-Marie Florent op
Jn 17.1b-11a
Vous venez peut-être de franchir la porte de la librairie, avant de franchir la porte de cette église… Au milieu des livres et des biscuits, ce que n’avez sans doute pas trouvé, c’est le miel de Chalais. Si, si… Un miel Monastic… un miel réellement fait par les moniales. Pas simplement sélectionné par les moniales, comme le miel de lavande de l’abbaye de Sénanque… Pas simplement mis en pot par les moniales, comme les produits dont les abbayes se font taper sur les doigt par le service de certification Monastic… Non, un miel de Chalais.
Il est une phrase surprenante de l’évangile de ce jour qui retient mon attention : Jésus nous dit qu’il ne prie pas pour le monde. Dont acte. Mais ça m’embête un peu quand même, parce que je trouve que le monde a bien besoin que sa cause soit plaidée devant l’éternel. Et qui mieux que le Christ pourrait implorer la miséricorde, la patience, le pardon, la paix pour ce monde. Comment faire alors que ce monde soit quand même concerné par cette prière de Jésus s’il ne prie pas pour lui… ?
L’image m’est venu en regardant les abeilles. Pour être exact, c’est une guêpe de Chalais qui m’a fait pensé aux abeilles… La multitude des ouvrières s’active pour amasser nectar et pollen sur les fleurs environnantes, les emporte à l’intérieur de la ruche, où ils sont alors transformer par le labeur des abeilles qui ventile ou digèrent les produits de la récolte.
Où est le monde quand on vient se retirer à Chalais ? L’a-t-on laisser dans la vallée ? A-t-il été empêché d’entrer devant le panneau silence qui nous accueille ? Non. Le monde si présent dans la prière, ici, mais aussi dans toute communauté chrétienne qui se réunit pour prier, le monde, nous l’apportons avec nous. Par petits bouts. Il est présent parce que nous montons avec dans nos têtes les situations les plus préoccupantes de notre temps. Tel voisin malade, telle famille brisée, tel attentat venant saisir des pèlerins en prière, telle tension politique qui place tel pays au bord du conflit.
C’est pour cela que nous avons besoin de prier à plusieurs. Nous faisons faisons entrer plus de petits bout de monde dans notre prière. Nous ne voyons pas les mêmes détresses ou les mêmes urgences. Et puis nous montons charger de nous-mêmes, petits bouts de monde à transformer et à laisser convertir en miel.
Aujourd’hui, l’évangile de Jean comme le livre des Actes des Apôtres nous font entrer dans la prière. Jésus exhorte ses disciples à demander, à prier le Père en son Nom. Et avec une inversion chronologique, nous voyons que le départ de Jésus entraîne ces même disciples à se retrouver au Cénacle pour prier.
C’est assez étonnant. L’évangile nous montre bien sûr Jésus prier souvent, avant chaque moment important, seul. Et cette prière rapportée est pour nous une leçon fondamentale pour nous faire comprendre cette proximité de Dieu, et cette relation très particulière de Jésus et de celui qu’il nomme son Père.
Mais à l’inverse, les quatre évangiles nous parlent plutôt peu de la prière des disciples. Comme si, Jésus présent, la prière des disciples n’était pas le fond du problème. Et quand nous les voyons prier à Gethsémani, c’est plutôt pour nous dire que ça ne marche pas très bien…
Pourtant, la première chose que font les disciples une fois Jésus parti, élevé dans la Gloire, c’est de se rassembler pour prier. Et tout le monde est là, les disciples, spécialement un groupe de femmes, la mère de Jésus, sa famille… C’est la naissance de l’Église en prière. J’aime mettre en rapport cet épisode, aux fiancés que je prépare au mariage, avec ce moment qui suit immédiatement l’échange des consentements des époux. La première action que le nouveau couple réalise, c’est de prier ensemble devant la communauté. Pourquoi, sinon pour faire ce que Jésus nous demande. Demandez en mon nom, et vous recevrez.
Et pourtant, cet image du miel atteint une limite. Ce n’est pas d’abord votre travail de moniales, votre travail de priants, à vous qui montez prier à Chalais, ou comme en chaque lieu où des chrétiens se réunissent pour prier, ce n’est pas seulement ce travail de la prière qui opère toute transformation. Notre travail de prière est bien de présenter notre récolte, nos parcelles de monde à transformer au souffle de Dieu qui en fera son miel. C’est l’Esprit qui travaille, et c’est aussi lui qui nous demande de coopérer avec lui. De continuer d’espérer.
Le monde a donc besoin de notre présence active en son sein. Besoin de nos allers-retours permanents entre la ruche de notre prière et le champ de fleur de tous ces lieux appelés à recevoir le travail de la grâce et de l’Esprit-Saint.
Si nous ne pouvons acheter ce miel de Chalais, nous pouvons en revanche redescendre avec le procédé pour faire ou refaire de nos maisons, de nos familles , de nos couples, ou nos équipes du Rosaire, vous y ajouterez tous ces rassemblements des chrétiens auxquels vous participez, des ruches ou ce monde de la nature peut être changer en monde de la grâce.