3ÈME DIMANCHE DE L'AVENT 2017 B
PÈRE MICHEL MOUNIER
17 décembre 2017
JN 1. 6-8 ; 19-28
Isaïe, le Magnificat et le lettre de Paul nous invitent à la joie. Si elle n’est pas mentionnée dans l’Évangile, un peu plus loin, le Baptiste déclare que sa joie est parfaite. La venue du Christ dans le monde est donc précédée d’une explosion de joie.
Une joie dans l’espérance car elle repose dans tous les cas sur quelque chose, quelqu’un qui n’est pas encore là.
Isaïe ne voit la libération de son peuple que de loin. Marie n’est pas encore mère. La joie dont parle Paul est motivée par l’espérance de la venue définitive du Christ. Celle de Jean Baptiste par celui qui vient « après lui ». Rien de très objectif ne justifie cette joie, sinon la foi dans la parole entendue, une parole qui est une promesse. Croire sans voir. Nous en sommes toujours là, jusqu’au dernier jour.
Toutes les paroles du passé, Elie, Isaïe, annonçaient et préparaient le Baptiste. Lui annonce et prépare Jésus – Jésus lui-même annonce et prépare la venue de l’Esprit et sa propre venue comme « Christ en gloire ». La parole circule depuis le commencement, se passe comme un relais. Mais à chaque passation elle s’enrichit, devient nouvelle. Tous les témoins sont traversés par une parole qui leur vient d’ailleurs, qui vient de l’origine et qui va plus loin. Jusqu’à Jésus qui l’accomplit mais lui ouvre aussi un avenir qui n’est autre que Dieu lui-même. C’est pour cela que Jean peut dire qu’il est une voix. Non pas sa propre voix mais la voix qui vient du commencement, la voix créatrice. Sa joie est d’entendre « la voix de l’époux », voix de Dieu épousant l’humanité dans le Christ. Toutes nos voix, toutes nos paroles sont pour que tous croient à la Parole nuptiale, cette Parole qui vient toujours « après », même si elle est d’avant, de toujours.
« Afin que tous croient par lui » nous a dit l’Evangile. Par lui. Nous avons là une constante dans notre relation à Dieu. Sa parole créatrice nous arrive par des paroles d’hommes, toujours fragiles. Et notre réponse, à son tour, a besoin, pour rejoindre Dieu, de ce lieu de passage que sont les hommes. Tous sont porteurs, comme Jean, d’une parole divine qui nous est adressée. La vie de foi est vie de relation. Dieu nous arrive et nous sert par les autres. Immense circulation de l’amour par tous les canaux humains.
Toute cette vie relationnelle se concentre dans le Christ. C’est en lui que Dieu vient nous rejoindre et c’est aussi « par lui, avec lui et en lui » que nous rejoignons Dieu. Par lui, et par chacun de nos frères et sœurs qui est pour nous présence du Christ ; même quand apparemment il n’est pas humainement digne d’estime.