30ème Dimanche du TO - B
Fr Loïc Bournay
Marc 10, 46b-52
« Que veux-tu que je fasse pour toi ? »
Ca ne se voit pas ? Jésus serait-il devenu aveugle, pour ne plus voir l’évidence, qui pourtant saute aux yeux de la foule ? Tout le monde voit bien que c’est un aveugle ! Oui, et tout ce monde-là réduit le fils de Timée à son handicap : c’est un aveugle, il n’y a rien à en dire de plus.
Jésus, au contraire, par la question qu’il pose, considère d’abord l’homme ; un homme capable de vouloir, de désirer, et de dire ce qu’il veut, ce qu’il désire.
A qui n’est-il jamais arrivé de penser ou d’agir à la place de quelqu’un, plutôt que de lui demander ce qu’il ou elle voulait ? Nous agissons alors selon ce qui nous semble bon, utile, nécessaire, mais sommes-nous certains que c’est ce dont l’autre a besoin, ce à quoi l’autre aspire ?
« Est-ce que je peux t’aider ? » « Que veux-tu que je fasse pour toi ? » Si nous posions systématiquement de telles questions, plutôt que de prétendre, par notre manière d’agir, mieux savoir que l’autre ce qu’il lui faut, nous éviterions probablement bien des tensions et des malentendus.
Mais si c’est le Christ qui nous pose la question, comme il la pose à Bartimée : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? » Qu’allons-nous répondre ?
Allons-nous dresser une liste longue comme des souhaits de cadeaux de Noël ?
Et s’il fallait ne choisir qu’une seule chose, quelle serait-elle ?
Il est bien compréhensible que Bartimée ait demandé de retrouver la vue ; il l’avait donc perdue, et savait d’autant combien il est précieux de voir qu’il ne bénéficiait plus de cette capacité.
Nous n’en avons peut-être pas toujours conscience, surtout lorsque nous avons la chance d’être doté d’une bonne vue. Pourtant, cette capacité physiologique a tendance à diminuer avec l’âge, au moins plus ce qui est de voir de près.
Mais il y a aussi ce qui ne se voit pas avec des yeux de chair, mais avec les yeux du cœur, ou les yeux de la foi. Il y a bien des choses que nous ne voyons pas encore, et notamment, nous ne voyons pas encore Dieu face à face. Pour ce qui est de cette vue-là, le meilleur est donc encore à venir. Nos capacités peuvent donc progresser, afin que nous parvenions à voir ce que Dieu accomplit en ce monde, et que nous parvenions peut-être aussi à voir un peu plus ce monde comme Dieu le voit.
Alors, probablement que nous serons pris d’un élan nous attirant, comme le fils de Timée, à suivre le Christ. Non pas pour observer ses talents de faiseur de miracles, mais parce que nous aurons perçu ce que Jean l’évangéliste annonçait :
« ce qui fut en lui était la vie ; et la vie était la lumière des hommes » ; et cette vie, il ne la garde pas jalousement, mais au contraire, il nous la donne.
Aussi pouvons-nous lui demander, en paraphrasant la Samaritaine :
« Seigneur, donne-nous toujours cette vie-là ! »