5ème Dimanche du TO C
Père Michel Mounier
Luc 5. 1-11
Ecouter :
Frères et sœurs, voici que l’Evangile nous propose tout à la fois d’avancer vers la profondeur, de trouver des compagnons, ou des compagnes, et de passer de la crainte à la foi.
Avancer vers la profondeur : Les bateaux reviennent sans avoir rien pris. Alors Jésus leur dit, littéralement : Avancez en profondeur, laissez les filets descendre au fond.
C’est le message : pour vivre de la vie de Dieu, il faut avancer en profondeur. Les vrais enjeux de la vie sont au fond de nous-mêmes.
Il ne sert à rien de jeter les filets en surface, selon les apparences du monde, car le mystère de Dieu se pêche dans les profondeurs les plus profondes de la vie.
Cela se décline dans le choix entre :
nos bonheurs du moment et le vrai bonheur intérieur
les apparences de la vie et la vraie vie qui se donne
l’écume des jours et de l’actualité, et le sens de la vie intérieure
nos consommations de nantis qui nous étouffent – plus de 50% des français dans les 10% des humains les plus aisés –, et nos raisons de vivre.
Ne restons pas sur les bords de la vie apparente, celle qui ne fait que laver nos filets, allons au plus profond de nous-mêmes pour nous apercevoir que là est l’homme ou la femme que je suis vraiment en Dieu.
Au pluriel, je ferai de vous des pêcheurs d’hommes cela veut dire d’hommes nombreux.
Au singulier cela nous dit : j’irai pêcher au fond de toi l’homme ou la femme que tu es vraiment.
Le Dieu des profondeurs de la vie rejoint l’homme dans ses profondeurs de vie d’homme. Entendons Jésus nous dire : avance vers ta profondeur.
Jeter des filets et trouver des compagnons : Les filets peuvent se déchirer, mais alors les compagnons prennent la relève.
A la place des filets lavés, jetés, déchirés, il y a les compagnons de l’autre barque. Si nous entendons l’appel du Seigneur, nous savons pouvoir compter sur des compagnons pour remonter du plus profond de nous-même ce qui nous fait vivre vraiment. C’est l’Eglise !
Passer de la crainte à la foi : Comme Pierre ce jour-là, c’est le saut qu’il nous faut faire « Nous avons tout fait, pêché la nuit quand les prises sont meilleurs. »Pierre est l’homme des évidences, de l’efficacité. Nous sommes ainsi.
Mais voilà que Pierre comprend à quelles profondeurs Jésus l’appelle. C’est la peur qui le faisait parler. Nous aussi l’aventure spirituelle, la vraie, peut nous faire peur.
Pour vivre vraiment, nous devons passer de la crainte à la foi. Pour vivre de Dieu, nous devons passer de la foi en nous-mêmes à la foi en Dieu.
Cela peut effrayer. Ce fut la conversion de Pierre.
Qu’a dit Jésus à la foule qui se pressait pour l’écouter ? On ne le sait pas.
On sait seulement ce qu’il a dit à Pierre : avance vers la profondeur. C’est à toi, à moi qu’il le dit aujourd’hui.
Écoutons sa Parole :
“Sur ta Parole
J’irai, comme Pierre vers des eaux plus profondes
fouiller ma propre quête et sonder mon désir
Sur ta Parole
Je me découvrirai une audace, un élan
une faim que je fais taire de peur qu’elle soit frustrée
Sur ta Parole
Je me relèverai, comme invitée par un sourire
Sur ta Parole
Je laisserai ma peur sur la rive, je la regarderai enfin
pour ce qu’elle est : un habit étriqué que rien ne m’oblige à porter
Sur ta Parole
mes filets déborderont de tes dons, je rirai dans le doute
d’être suffisamment large pour tous les accueillir
Sur ta Parole
Je ne présumerai plus de mes propres endroits
de mes chemins tracés
j’irai toujours ailleurs
Sur ta Parole Seigneur
Je saurai que la vie est un mouvement fidèle
au grand mouvement du monde
une danse dont tu nous montres chaque jour un nouveau pas.”
(Marion Muller-Colard – Eclats d’Evangile)