19ème Dimanche du TO C
Fr Raphaël de Bouillé op Nancy
Lc 12. 35-40
« Seigneur, est-ce pour nous que tu dis cette parabole, ou bien pour tous ? »
Ecouter :
A Nancy, j’ai une amie laïque dominicaine, qui est la dernière d’une longue fratrie. Elle me disait avoir observé l’éducation de ses parents, les conflits de ces frères et sœurs aînés avec ses parents. Chaque fois que ses aînés échouaient à obtenir quelques choses, elle se souvenait que cela ne servait à rien de le demander et ainsi elle évitait le conflit avec ses parents. Chaque fois que ses aînés réussissaient, elle savait qu’elle pourrait demander la même chose à leur âge. Et nous vivons ceci, nous aussi, avec nos frères aînés les apôtres, dans notre rapport à Jésus. Il y a quelques semaines, Jacques et Jean vont voir Jésus pour demander des trônes à sa gauche et à sa droite. Nous savons maintenant qu’il vaut mieux éviter.
Et aujourd’hui, Pierre demande une précision à Jésus : « Seigneur, est-ce pour nous que tu dis cette parabole, ou bien pour tous ? » Et nous savons que Jésus attend cela de nous, car Jésus reçoit extrêmement bien cette demande : non seulement, il répond, mais il les compare à des intendants et donne une nouvelle parabole, rien que pour eux. Nous apprenons de Pierre que Jésus attend de ses disciples qu’ils ne soient pas des auditeurs muets, mais des personnes qui écoute et qui attendent des réponses personnelles.
Un lieu par excellence où Dieu attend de nous des questions personnelles pour donner des réponses personnelles, c’est l’homélie. Un jour en prédication, saint Augustin disait à ses auditeurs de ne pas l’écouter, lui d’abord, mais bien d’écouter le Maître Intérieur – le Saint-Esprit que nous avons reçu à notre baptême – qui parle à chacun de nous.
Un jour, j’étais en train d’écouter un frère prêcher et, je dois avouer que je trouvais son homélie … pas terrible. J’étais avachi sur mon siège, les bras croisés, en faisant ma mauvaise tête. Puis, je me suis souvenu que je disais à mes collégiens à peu près la même chose qu’à vous – que le Seigneur nous parle à chacun personnellement dans l’homélie pour peu qu’on l’écoute – et j’ai donc décidé de me redresser, de décroiser les jambes et de mettre les pieds à plat sur le sol. Instantanément le Seigneur m’a dit : « tu sais Raphaël, hier, c’était toi qui prêchait, … et ce n’était pas terrible, … et je t’aime quand-même. » Sous-entendu, et ce frère qui prêche aujourd’hui, je l’aime quand-même, et je me sers de lui : est-ce que, toi, tu l’aimes quand-même ? Et est-ce que tu me laisses me servir de lui pour te parler aujourd’hui ?
Certaines personnes ne savent pas ce qu’elle voudrait demander à Jésus. Une option est d’écouter ses émotions joie, tristesse, colère, peur et en parler avec lui. D’autres ont trop mal dans un lieu de leur vie pour oser en parler maintenant. Notre Dieu est un Dieu qui ressuscite les morts et il ne faut pas hésiter à lui présenter les lieux morts de notre vie, car ce sont les lieux qu’il veut ressusciter. Enfin, d’autres peuvent être mal-à-l’aise avec ce dialogue, cette écoute très personnel de Dieu. Si le Christ nous appelle à le questionner de manière très personnel, subjective, il nous appelle aussi à l’écouter de manière plus objective et collective, souvent dans un mouvement. Un mouvement est un groupe qui se réunit au moins une fois par mois, où l’on prie ensemble, on écoute la parole de Dieu, on prend soin les uns des autres et qui est reconnu par un évêque. Si vous n’êtes pas membre d’un mouvement, vous êtes possiblement en mauvaise santé spirituelle. Ainsi, par l’écoute personnel du Seigneur comme dans l’écoute collective en mouvement, il nous est donné d’entendre le Seigneur nous parler et nous enseigner, personnellement et collectivement.