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1er Dimanche de l'Avent B

Fr Bernard Senelle op

Seigneur, Gardes-nous vigilants !

Mc 13. 33-37

 

« Seigneur, garde-nous vigilants, donne-nous d’être des lampes allumées dans l’obscurité de notre monde. » Telle est notre prière, notre demande au seuil de cette nouvelle année liturgique marquée par l’épreuve que traverse notre monde. Une année nouvelle nous est donnée, accueillons-la comme une grâce, comme une occasion d’espérer la fin de l’épreuve, la joie retrouvée, la libération et le relèvement pour celles et ceux qui sont les plus atteints dans leur santé, leur famille, leur travail. La nouvelle année liturgique rythmée par les grands avènements de l’histoire sainte, nous apportera de reconnaître un peu plus encore la présence de Dieu au milieu de nous. Il est dans nos épreuves, nos combats et nos joies. Parfois, nous ne le savons pas, nous ne le voyons pas !!!
Lorsque Jésus arrivera, il ne sera pas reconnu. Jésus reprochera à son peuple son peu de présence à ce qui arrive, à la visite qu’il reçoit. Et Jean dira : « il est venu chez les siens et les siens ne l’ont pas reçu. » Beaucoup ont manqué ce premier avènement, cette première visite. C’est comme un fiancé qui serait absent de son premier rendez-vous. Les choses commençaient mal ! Mais nous veillons dans la nuit dans l’attente du second avènement.
Ainsi dans l’attente de cette venue à l’improviste, nous espérons le retour de notre Sauveur. Les choses se passeront à l’improviste, comme pour le Déluge. Le maître est inattendu. Frères et sœurs, nous sommes invités à l’inattendu et c’est tout de même ce que nous vivons depuis des mois avec une bonne partie de l’humanité. Nos projets, nos programmes, nos prévisions sont chamboulées, c’est même pour beaucoup l’effondrement et l’angoisse d’avoir tout perdu. Proches, santé, travail ou force de vivre. Au cœur de cette tragédie, nous veillons et attendons l’heure que personne ne connaît sauf ce Père à qui nous allons nous adresser tout à l’heure.
« Si tu déchirais les cieux, si tu descendais Seigneur ! » Notre vie fragilisée se prépare à cet inattendu dans la joie et l’espérance. Il est possible de passer à côté de cette heure de la deuxième visite et c’est ce que le maître de la parabole veut éviter. Les distractions, les bruits inutiles, le trouble qui nous nous saisit durant ces mois ne doivent pas entraver notre marche ni nous faire passer à côté de cette heure. Car on peut manquer Dieu, être absent de soi-même, de sa vie, de son lieu. D’où l‘appel à l’attention, à ces avènements qui, dans nos vies préparent la grande rencontre. « Dieu nous a créé sans nous, il ne nous sauvera pas sans nous. », disait saint Augustin.
La veille appelle à ne pas passer à côté avec des yeux d’aveugles. Où est-il ? Où est-il advenu, descendu dans ma vie ? Est-ce un événement ou un fait divers. « Seigneur où est-ce que nous t’avons vu ? » demanderons-nous un jour. Et il répondra : « Je suis venu mais vous ne m’avez pas reconnu. Jésus est bien à nos côtés, à chaque instant, il ne cesse d’advenir en nous.
Peut-être en ces temps difficiles, pouvons-nous faire nôtre ces mots d’Etty Hillesum morte à Auschwitz. Au milieu des détresses elle écrivait : « Je vais t’aider mon Dieu à ne pas t’éteindre en moi. » C’est un écho à la parole de Jésus : « On ne dira pas : voici il est ici ! ou bien Il est là ! Car voici que le Royaume est au-dedans de vous. » Le Maître vient, c’est l’hôte intérieur et inattendu !
Tous ces temps manifestent que nous ne maîtrisons pas très bien les situations. C’est une école de détachement, de renoncement. Nous devons faire face et veiller pour les autres, pour le monde, pour nous-mêmes. Nous cherchons du sens et nous avons la force et le courage du maître que nous attendons, que nous espérons. Il vient !